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Maxime Zecchini en récital au Invalides – Vous avez dit « pour la main gauche » ?
Une anthologie en 10 volumes
Il en faut un, ce sera lui ! M. Zecchini prend contact avec le label Ad Vitam Records et lui propose de se lancer dans une vaste anthologie en 10 volumes du répertoire pour la main gauche – une première dans l'histoire du disque. Marché conclu ! : l’aventure commence en 2011 avec un premier CD, en solo comme pour les n° 2 et 3. Un quatrième suit, occupé par des ouvrages concertants (Ravel, Prokofiev, Britten), avec l’Orchestre du Cap. L’entreprise se poursuit avec régularité depuis et, en mars dernier, le volume 7 est sorti, composé de pièces contemporaines signées Ohana, Louvier, Bacri, Mantovani, Kondo, Dubé, Dubugnon et Menut. Anthologie : le but n’est pas de céder à quelque forme d’ « intégralite » ; l’interprète fait le tri et ne retient que des pages qui méritent à ses yeux d’être enregistrées.
Le Concerto pour la main gauche... pour la main gauche !
D’ici à l’horizon 2020 le projet sera totalement bouclé, couronné par un volume 10 en forme DVD, qui rassemblera les pièces les plus belles – et les plus spectaculaires ! Ce grand récital filmé comprendra en particulier la transcription pour la main gauche par M. Zecchini du ... Concerto pour la main gauche de Ravel ! Beau pari que s’était dès le départ lancé l'artiste français après avoir travaillé des études de Chopin arrangées par Godowski. « Je me suis dit que s’il arrivait à cela dans Chopin ... » Le pianiste a magistralement relevé le défi (Ce Main gauche « pour la main gauche » figure d’ailleurs dans le volume 1 en compagnie de pièces de Scriabine, Saint-Saëns, Chopin/ Godowski, Bach/ Brahms).
Des inédits de Wittgenstein... en Chine
Que de découvertes pour M. Zecchini depuis bientôt dix ans : les ouvrages d’un Géza Zichy, d’un Georges Pfeiffer (1), d’un Adolfo Fumagalli ou, pour ce qui est des vivants, du Brésilien Artur Cimarro n’ont plus de secret pour lui. Que de rencontres aussi, étonnantes parfois ! « A la fin d’un récital en Chine, j’ai été approché par le secrétaire d’un riche collectionneur chinois qui, informé de mon intérêt pour le répertoire pour la main gauche, me faisait savoir qu’il était en possession des manuscrits des transcriptions de ... Paul Wittgenstein ! Il m’a aimablement communiqué les fac-similés et j’ai pu réaliser, en première mondiale, l’enregistrement de ces morceaux. Wittgenstein n’était pas un formidable pianiste, on le sait, mais en tant que transcripteur il a signé de magnifiques réalisations, dans la musique romantique – dont il raffolait ! – en particulier.( Mendelssohn, Schumann, Schubert, Gounod, Chopin, Grieg, Liszt et Bach, volume 5 ndr ).
Franz Schmidt au menu du volume 8
Wittgenstein n’est d’ailleurs pas le seul pianiste blessé durant la Grande Guerre à avoir suscité du répertoire pour la main gauche – le Concerto de Ravel d’abord et avant tout. Le Tchèque Otakar Hollmann (1894-1967), violoniste à l’origine, perdit l’usage de sa main droite par la faute d’une balle. Forcé d’abandonner l’archet, il se mit au piano pour la main gauche et fut entre autres l’instigateur et le créateur du Capriccio de Janáček. M. Zecchini réserve cette œuvre (un septuor) pour le volume 9 de son anthologie, couplée avec le Quatuor de Korngold. Mais auparavant le volume 8 (qui sera en boîte dès la fin octobre et sortira l'an prochain) proposera les deux Quintettes de Franz Schmidt, avec le concours du clarinettiste Patrick Messina et du Quatuor Ellipse.
Debussy et la Grande Guerre
Pour l’heure, c’est en récital que l’on retrouve Maxime Zecchini, le 16 septembre aux Invalides, dans le cadre de la saison musicale du Musée de l’Armée. Ce rendez-vous (inscrit dans les Journées Européennes du Patrimoine) conjugue – à deux mains et pour la main gauche seule – la célébration du Centenaire Debussy et celle de la fin de la Grande Guerre. Trois Préludes du Livre I de Claude de France (Des pas sur la neige, La sérénade interrompue, La cathédrale engloutie) et le Clair de lune de la Suite bergamasque ouvrent un programme où figurent aussi, côté main gauche, la Suite n° 3 d’Erwin Schulhoff – autre ouvrage suscité et créé par Otakar Hollmann –, la Grande Etude de Bartók et, pour conclure en beauté, le Concerto de Ravel transcrit par M. Zecchini.
Alain Cochard
(Entretien avec Maxime Zecchini réalisé le 5 septembre 2018)
Maxime Zecchini, piano
Œuvres de Debussy, Schulhoff, Bartók, Ravel
16 septembre 2018 – 16h (Entrée libre dans la limite des places disponibles)
Paris – Musée de l’Armée ( Grand Salon)
saisonmusicale.musee-armee.fr/concert.html#!2018-2019&Piano-main-gauche-
Site de Maxime Zecchini : maximezecchini.fr/
Photo © Jean-Baptiste Millot
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