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Carmen au Grand Théâtre des Nations à Genève – Hors des sentiers battus – compte-rendu
Carmen au Grand Théâtre des Nations à Genève – Hors des sentiers battus – compte-rendu
Opéra le plus joué du répertoire avec la Traviata, Carmen fait sa réapparition à Genève après dix-huit ans d’absence. Le Grand Théâtre – où les travaux durent plus que prévu – ne devant rouvrir ses portes qu’en février prochain avec la reprise du Ring, il a fallu que son directeur, Tobias Richter, adapte durant l’été cette production aux contraintes du Théâtre des Nations, structure éphémère à l’acoustique tout à fait honorable. La mise en scène et la scénographie ont été confiées à une grande dame de la danse, Reinhild Hoffmann, pionnière du Tanztheater – qui a connu le succès en 2017 dans la ville de Calvin avec « Callas », son spectacle chorégraphique emblématique.
L’accent sera plus porté sur la psychologie des personnages que sur l’environnement ibérique de l’opéra avec la présence des dialogues d’origine à la place des récitatifs de Guiraud. Le décor, réduit à sa plus simple expression, est constitué de simples planches de bois blanc déplacées ou entassées selon les différentes étapes de l’action. Seule référence à l’Espagne, un rideau de scène noir et blanc en forme d’éventail et quelques costumes d’Andrea Schmidt Futterer représentant le torero et les soldats. Superfétatoires, deux comédiens-danseurs (Brigitte Cuvelier et Jean Chaize) figurent avec leurs masques la permanence inéluctable de la mort tout au long du spectacle. L’essentiel repose donc sur une forme de minimalisme dans le traitement théâtral avec des scènes (en particulier l’acte final) qui peuvent atteindre une forte intensité émotionnelle.
L’accent sera plus porté sur la psychologie des personnages que sur l’environnement ibérique de l’opéra avec la présence des dialogues d’origine à la place des récitatifs de Guiraud. Le décor, réduit à sa plus simple expression, est constitué de simples planches de bois blanc déplacées ou entassées selon les différentes étapes de l’action. Seule référence à l’Espagne, un rideau de scène noir et blanc en forme d’éventail et quelques costumes d’Andrea Schmidt Futterer représentant le torero et les soldats. Superfétatoires, deux comédiens-danseurs (Brigitte Cuvelier et Jean Chaize) figurent avec leurs masques la permanence inéluctable de la mort tout au long du spectacle. L’essentiel repose donc sur une forme de minimalisme dans le traitement théâtral avec des scènes (en particulier l’acte final) qui peuvent atteindre une forte intensité émotionnelle.
© Magali Dougados - GTG
Le rôle-titre est dévolu à Ekaterina Sergeeva, venue du Théâtre Mariinsky, qui incarne par son autorité et son aisance une impressionnante Carmen. Sensuelle, provocatrice, elle se love avec bonheur dans son personnage dont elle possède tous les ingrédients de charme et de liberté. Dotée d’une voix généreuse au timbre capiteux, elle parvient, malgré sa difficulté à prononcer certaines voyelles, à s’imposer avec aplomb. Sébastien Guèze, juvénile Don José, force parfois son instrument mais parvient à donner du corps et de la chair aux turbulences de son personnage, avec un bel engagement. Manquant d’aigus et de graves, Ildebrando D’Arcangelo reste très en-deçà de ce que l’on attend d’Escamillo, et la Micaëla de Mary Feminear, peu compréhensible et effacée, ne satisfait guère.
Le rôle-titre est dévolu à Ekaterina Sergeeva, venue du Théâtre Mariinsky, qui incarne par son autorité et son aisance une impressionnante Carmen. Sensuelle, provocatrice, elle se love avec bonheur dans son personnage dont elle possède tous les ingrédients de charme et de liberté. Dotée d’une voix généreuse au timbre capiteux, elle parvient, malgré sa difficulté à prononcer certaines voyelles, à s’imposer avec aplomb. Sébastien Guèze, juvénile Don José, force parfois son instrument mais parvient à donner du corps et de la chair aux turbulences de son personnage, avec un bel engagement. Manquant d’aigus et de graves, Ildebrando D’Arcangelo reste très en-deçà de ce que l’on attend d’Escamillo, et la Micaëla de Mary Feminear, peu compréhensible et effacée, ne satisfait guère.
© Magali Dougados - GTG
On aura en revanche des yeux de Chimène pour les seconds rôles, en particulier le duo féminin constitué de la Mercédès d’Héloïse Mas (qui sera la Carmen de la seconde distribution)(1) et de la Frasquita de Melody Louledjian, remarquables toutes deux dans la scène des cartes. Les hommes se situent au même niveau : Jérôme Boutillier se révèle un Moralès convaincant, et Ivan Thirion en Dancaïre ou Rodolphe Briand en Remendado personnifient des contrebandiers hauts en couleur. Seul le Zuniga de Martin Winkler fait tache par son élocution incompréhensible.
A la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande, l’Américain John Fiore fait preuve d’élan et d’expressivité dans les intermèdes. Attentif à chaque détail, il épouse sans jamais forcer le ton la progression du drame et accompagne sobrement les chanteurs avec des tempos en général bien adaptés. Excellent Chœur du Grand Théâtre qui, comme à l’accoutumée, a été soigneusement préparé par Alan Woodbridge. Quant aux enfants de la Maîtrise du Conservatoire populaire de musique, ils témoignent d’une belle homogénéité malgré les déplacements que leur impose Reinhild Hoffmann. Une Carmen à mille lieues de toute couleur locale mais qui, malgré l’austérité de la réalisation, ne manque pas d’originalité.
Michel Le Naour
On aura en revanche des yeux de Chimène pour les seconds rôles, en particulier le duo féminin constitué de la Mercédès d’Héloïse Mas (qui sera la Carmen de la seconde distribution)(1) et de la Frasquita de Melody Louledjian, remarquables toutes deux dans la scène des cartes. Les hommes se situent au même niveau : Jérôme Boutillier se révèle un Moralès convaincant, et Ivan Thirion en Dancaïre ou Rodolphe Briand en Remendado personnifient des contrebandiers hauts en couleur. Seul le Zuniga de Martin Winkler fait tache par son élocution incompréhensible.
A la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande, l’Américain John Fiore fait preuve d’élan et d’expressivité dans les intermèdes. Attentif à chaque détail, il épouse sans jamais forcer le ton la progression du drame et accompagne sobrement les chanteurs avec des tempos en général bien adaptés. Excellent Chœur du Grand Théâtre qui, comme à l’accoutumée, a été soigneusement préparé par Alan Woodbridge. Quant aux enfants de la Maîtrise du Conservatoire populaire de musique, ils témoignent d’une belle homogénéité malgré les déplacements que leur impose Reinhild Hoffmann. Une Carmen à mille lieues de toute couleur locale mais qui, malgré l’austérité de la réalisation, ne manque pas d’originalité.
Michel Le Naour
(1) Les 12, 22 et 27 septembre, face à Sergej Khomov en Don José
Bizet : Carmen – Genève, Théâtre des Nations, 10 septembre ; prochaines représentations les 18, 20, 22, 24 et 26 septembre 2018 / www.geneveopera.ch/programmation/saison-18-19/carmen/
Bizet : Carmen – Genève, Théâtre des Nations, 10 septembre ; prochaines représentations les 18, 20, 22, 24 et 26 septembre 2018 / www.geneveopera.ch/programmation/saison-18-19/carmen/
© Magali Dougados - GTG
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