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Festival Notes d’automne du Perreux-sur-Marne 2018 – Un 10ème anniversaire au goût d’inattendu
« Le Festival 2018 leur est dédié », précise P. Amoyel, qui pose un regard à la fois heureux et étonné sur les éditions passées : « nous avons décliné de manière infinie le principe de la rencontre entre littérature et musique, avec parfois des associations improbables, le but n’étant pas de rapprocher de manière factice les mots et les sons mais d’aller au plus près d’un auteur, d’un compositeur. »
Notes d’automne aura aussi permis de « désacraliser le concert classique » et, au bout de dix ans, « peut compter sur un public fidèle ; il a su réunir des mélomanes attirés par une formule originale et un public au départ non mélomane et d’abord intéressé par les acteurs, par le théâtre et qui, peu à peu s’est initié à la musique. »
La curiosité des uns comme des autres aura été simulée par l’abondance des créations, une cinquantaine depuis 2009. « Elles ont donné aux artistes la possibilité d’expérimenter des choses qu’ils n’avaient pas l’habitude de faire dans cadre de leur carrière. Nos avons eu des propositions étonnantes, déroutantes, parfois un peu choquantes, note le directeur artistique. »
« Chocs et fusion » : l’intitulé de l’édition du 10ème anniversaire traduit "le souhait d’offrir la programmation la plus festive possible, avec pour maître-mot l’inattendu.» Ainsi José Van Dam chantera-t-il Brel, Brassens ou Gardel. Quant à Arnaud Marzorati et ses Lunaisiens, ils feront découvrir leur Flûte enchantée avec le concours des musiciens de la Petite Symphonie, sous la direction de Daniel Isoir, tandis que West Side Story s’offrira dans une version de concert pour quatre chanteurs, piano et percussions. La journée du samedi 24 novembre « offrant, selon P. Amoyel, la quintessence de cet esprit d’inattendu », avec la rencontre du violon de Virginie Robillard dans Bach et des percussions africaines de Thomas Guéi, du classique et de l’électro avec Vanessa Wagner et Murcoff, ou encore de Bach et du hip hop par Ophélie Gaillard et Ibrahim Sissoko.
Au chapitre des créations, on attend avec impatience « Madeleine et Apollinaire, un amour en temps de guerre », spectacle réunissant Pascal Amoyel, Emmanuelle Bertrand et les comédiens Pierre Jacquemont et Alexandrine Serre autour de la relation épistolaire passionnée entre l’auteur d’Alcools et de Madeleine Pagès, mais aussi « Les Amours de Ronsard » avec l’Ensemble Clément Janequin – dont 2018 marque le 40ème anniversaire.
Si certains spectacles ne sont pas des créations pures, ils s’en rapprochent par l’ajout d’un matériau littéraire à une base musicale et la perspective nouvelle qu’il ouvre. Ce sera le cas avec les textes de la Beat Generation, dits par Thomas Roche, insérés dans le dialogue entre V. Wagner et Murcoff.
La nouveauté peut aussi tenir à l’évolution d’un spectacle depuis sa création. Ceux qui avaient découvert « Opus 110 », de et par Pascal Amoyel, en mai dernier au Kremlin-Bicêtre le mesureront. Amoyel, dans le double rôle de pianiste et de comédien, a ici imaginé une « forme d’enquête sur les 32 Sonates ». Elle se nourrit de l’expérience personnelle d’un musicien qui s’est souvenu de l’époque de ses études au Conservatoire, où l’on étudiait Beethoven de façon excessivement sévère, et de l’expérience d’une audition, totalement inattendue, de la 31e Sonate, « qui a bouleversé sa vie d’artiste et d’homme.» Un hommage à Beethoven et à son humanité qui constituera le point d’orgue de l'édition 2018.
Alain Cochard
(Entretien avec Pascal Amoyel réalisé le 12 novembre 2018)
Du 19 au 25 novembre 2018
Le Perreux-sur-Marne – Centre des Bords de Marne, Auditorium, Hôtel de Ville
www.concertclassic.com/festival/notes-dautomne
Photo © Jean-Baptiste Millot
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