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Le Duo Ancelle/Berlinskaya au Collège des Bernardins – Merveilleuse journée d’enfance – Compte-rendu
Après une soirée inaugurale sous le signe du répertoire médiéval à Notre-Dame de Paris (1), le 6ème Festival des Heures a, dès le lendemain, retrouvé son berceau du Collège des Bernardins pour un samedi au cours duquel, au rythme des Heures monastiques, les concerts se sont succédé, la musique vocale sacrée se taillant une place de choix, sans pour autant monopoliser l’affiche.
Ainsi, à midi, le Concert des Laudes était-il réservé au piano avec un programme « Mystères de l’enfance » proposé par le duo Ancelle/Berlinskaya (photo). Concocté spécialement pour l’occasion par les deux pianistes, ce concert-spectacle – où les exécutants se font aussi conteurs – est bâti sur le scénario d’une journée de deux enfants, frère et sœur, à Paris en 1900. Journée qui débute par une promenade au jardin des Tuileries, suivi du retour à maison et de diverses occupations (toupie, poupée), avant que n'arrive l’heure du coucher.
Arthur Ancelle et Lumila Berlinskaya © Charlotte Desfarges
Entre le En bateau de Debussy introductif et le Jardin féerique de Ravel placé en conclusion, juste après la Berceuse de Dolly de Fauré, les deux pianiste alternent pièces à deux et quatre mains avec une complicité exemplaire. La même qu’ils mettent dans le partage du récit qu’ils ont tissé et déroulent avec un mélange de drôlerie et de tendresse. En contrepoint, on se régale entre autres de plusieurs extraits des Jeux d’enfants de Bizet (Les Quatre coins, Les Chevaux de bois, Trompette et tambour, La Toupie), de l’Album d’enfants op. 39 Tchaïkovski, dont L’orgue de barbarie, d’une délicatesse infinie sous les doigts de L. Berlinskaya, qui signe en outre une rêveuse Sérénade à la poupée de Debussy. Arthur Ancelle n’est pas en reste et apporte autant de sensibilité et de tact au Petit âne blanc et à la Marchande d’eau fraîche d’Ibert ou à la Valse lyrique à la poupée de Chostakovitch, avant de faire gronder la Baba Yaga des Tableaux moussorgskiens.
Dans la salle, grands et petits savourent avec un bonheur sans mélange un merveilleux conte en musique ; il mérite d’être repris sur d’autres scènes et pourrait fournir la matière d’un admirable livre-disque à destination du jeune public : avis aux organisateurs et aux éditeurs !
L’automne est décidément riche pour le Duo Ancelle/Berlinskaya puisque Melodiya vient de publier, sous le titre «Belle Epoque » (2), un enregistrement qui fera les délices des amateurs de quatre mains avec En blanc et noir de Debussy, la Valse carnavalesque de Chaminade, la Suite op.6 de Koechlin, le si prégnant Ruban dénoué de Reynaldo Hahn et, inédite, la Suite brève de Louis Aubert. Un programme d’une cohérence admirable ; un disque de poètes - et le point de départ d’une anthologie en quatre CD d’œuvres originales à deux pianos.
Alain Cochard
(1) Lire le CR de Michel Roubinet : www.concertclassic.com/article/6eme-festival-des-heures-des-bernardins-ouverture-medievale-notre-dame-de-paris
(2) 1CD Melodiya MEL CD 10 02563
Paris, Collège des Bernardins (Nef), 19 novembre 2019
Photo © Laurent Bugnet
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