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Concert de clôture du Festival Présences 2019 - Final en beauté intérieure - Compte-rendu
Pour le quinzième et dernier concert de la 29e édition du Festival Présences de Radio France, centré cette année sur « un portrait » de Wolfgang Rihm (né en 1952), le public accourt en masse. À juste raison ! Le programme, voulu large et éclectique, associe Missa Brevis du compositeur allemand (2015, création française) à Two Serenades de Einojuhani Rautavaara (1928-2016), création mondiale et commande de Radio France orchestrée et achevée par Kalevi Aho (né en 1949), et à ces classiques du passé que sont le Double Concerto pour hautbois et violon de Bach ainsi que Metamorphosen de Richard Strauss.
Martina Batič © Janez Kotar
La Messe brève de Rihm, pour chœur a cappella sur les paroles liturgiques latines, revient au Chœur de Radio France en petite formation, sous la battue acerbe de sa directrice titulaire, Martina Batič. S’en dégagent les effluves profondes d’une page à la séduction envoûtante, dans un tissu polyphonique élaboré mêlant dissonances et (quelques) consonances, qui parle haut de l’inspiration du compositeur honoré par le festival.
La pièce de Rautavaara fait à la fois contraste et continuité. Ces Deux Sérénades prennent la forme d’un concerto pour violon et petit orchestre, écrit à la demande de Mikko Franck en 2016. Mais l’œuvre devait rester inachevée, tout du moins pour la Seconde Sérénade, à l’état de partition pour piano, alors que la première demandait à être complétée (de nuances manquantes, de liaisons, etc.). Kalevi Aho, Finlandais comme son confrère récemment disparu, s’est attelé à la tâche de mener à bien l’ouvrage, avec une sûreté où les raccords ne se sentent pas. Il en résulte une œuvre au chromatisme lancinant en forme de longue plainte où la part du violon s’apparente à un chant fusionnel. Le petit effectif de l’Orchestre Philharmonique de Radio France en distille les saveurs subtiles sous la direction vigilante de Mikko Franck, alors que Hilary Hahn (photo) épanche sa partie soliste d’une vibrante couleur intérieure sans sacrifier à l’inutile virtuosité.
Mikko Franck © Radio France - Christophe Abramowitz
Après l’entracte, le petit intermède de la scie du Double Concerto de Bach semble placé dans ce programme pour satisfaire cette fois la virtuosité, éclatante il faut bien dire, des deux solistes de cette joute instrumentale : Hahn au violon et Hélène Devilleneuve (super-soliste du Philhar) au hautbois. Franck ordonne alors mécaniquement son orchestre d’instruments actuels, dans un rendu sonore désuet et d’autrefois (avant la rigueur des restitutions d’époque). Et le public de faire un triomphe retentissant. Passons …
Les Métamorphoses de Richard Strauss concluent, en revanche tout à fait en situation, prolongement d’un même héritage d’intensité intérieure après une facture comparable chez Rihm et Rautavaara, dans la sombre œuvre du compositeur postromantique allemand. Les cordes du Philharmonique s’emportent dans les vibrations voluptueuses d’une exigeante virtuosité chambriste, emmenées par la fougue investie de Franck. Une manière de message dans la mise en regard d’œuvres testaments d’une égale ferveur d’expression.
Pierre-René Serna
Auditorium de la Maison de la Radio, 17 février 2019
Photo © Peter Miller
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