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41èmes Semaines Musicales de Quimper 2019 – Immersion musicale – Compte-rendu
En ouverture, carte blanche au pianiste belge Florian Noack (photo) qui, dans un programme varié, se montre à la hauteur de sa réputation grandissante. La Sonate en la majeur D. 664 de Schubert lui permet d’afficher un jeu aéré d’une belle fluidité où l’élégance du trait se joint à un sens implicite du drame. Avec les rares Contes de la vieille grand-mère de Prokofiev – quatre pièces nostalgiques écrites aux Etats-Unis en 1918 –, l’interprète déploie un éventail de couleurs très subtil alliant sentiment poétique et art du détail.
Dans Steamboat, création de Christian Lauba qui lui est dédiée, l’interprète est mis à rude épreuve tant sa virtuosité sans cesse sollicitée ne peut se permettre aucun répit. Passent de manière détournée l’ombre de Ravel et de ses Miroirs, ou celle du jazz, en une course effrénée d’un rythme incantatoire. Enfin, la suite très réussie que Noack a tirée de la Shéhérazade de Rimski-Korsakov (et qu’il a enregistrée pour Ars Produktion en compagnie d’autres transcriptions de sa main) offre une vision quasi orchestrale sous des doigts arachnéens ; la magie opère dans la manière si excitante de raconter cet épisode des Mille et une nuits. Un bis décanté (une Danse allemande de Schubert) achève en beauté ce splendide moment de musique.
« L’Heure espagnole » sert ensuite de fil d’Ariane à Marie-Josèphe Jude et Jean-François Heisser pour exhaler le parfum d’œuvres d’inspiration ibérique. Dolly de Fauré sort un peu du cadre mais bénéficie d’une exécution d’une solide vivacité. Marie-Josèphe Jude aborde La Puerta del vino, La Soirée dans Grenade de Debussy et Alborada del gracioso de Ravel avec une belle densité sonore, puis retrouve son partenaire dans España de Chabrier, irrésistible de joie contagieuse ! Le remarquable saxophoniste Richard Ducros, accompagné par Jean-François Heisser, se livre quant à lui à une démonstration transcendante de vélocité dans la parodique Opera fantasy de Lauba, qui cite malicieusement Rigoletto et Carmen. Puis Heisser, seul, propose quatre extraits d’Iberia d’Albéniz, s’y lovant avec aisance et gourmandise, en particulier pour El Albaicín à la vélocité parfaitement assumée. La Rapsodie espagnole de Ravel, dans la version à quatre mains de l'auteur, conclut, pleine de complicité ludique, tout comme Laideronnette, impératrice des Pagodes (ext. Ma Mère l’Oye) que le duo offre en bis.
En marge des concerts, Quimper est investi par diverses attractions suivies avec intérêt par le public : La Caravane enchantée, consacrée à l’univers de Mozart, La Boîte à musique au Musée breton (cabine d’immersion musicale aménagée en boudoir baroque nomade), une Fanfare éphémère, un Chœur citoyen et La Pianosphère (4 pianos disposés dans différents lieux et mis gratuitement à disposition). Partout dans la cité finistérienne, la musique est reine !
Michel Le Naour
Photo © Dario Floreani
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