« Restare a casa » : tandis que l’Italie, pays européen le plus touché par la diffusion du Covid-19, vient de prendre un décret de confinement généralisé jusqu’au 3 avril, la France, toujours en stade 2 avancé à l’heure où nous écrivons ces lignes, a renforcé les mesures de prévention le 8 mars au soir, abaissant le seuil d’interdiction des rassemblements de 5000 à 1000 personnes ; une situation totalement inédite sur notre territoire national et qui bouleverse en profondeur les activités culturelles certes, mais plus globalement tout le fonctionnement de la vie sociale et économique. Le télétravail devient pour beaucoup la règle, à commencer par le ministre de la Culture, Franck Riester, testé positif. Jusqu’alors non affectées par la crise du coronavirus, de nombreuses salles ont dû prendre des dispositions, lundi 9 mars. Tout se joue autour du seuil des 1000 personnes : des lieux bien plus vastes ont d’entrée de jeu fait des choix radicaux, les autres optant pour un contingentement des entrées afin de respecter la limitation fixée par les pouvoirs publics (le nombre des artistes, techniciens, etc. présents sur et autour du plateau doit évidemment être déduit de 1000).

La Philharmonie de Paris (photo) a très tôt annoncé lundi l’annulation des concerts prévus dans la Grande Salle Pierre Boulez du 9 au 22 mars, ceux prévus dans la salle des concerts de Cité de la musique continuant de se dérouler normalement. Situation identique pour ce qui est de Radio France où les rendez-vous prévus à l’Auditorium sont maintenus.
Du côté de l’Opéra national de Paris, les annulations ne portent pour l’instant que jusqu’au concert Mahler du 11 mars et le site de l’institution annonce que seront communiquées « au plus tard le 11 mars les modalités relatives aux représentations programmées ultérieurement au Palais Garnier et à l’Opéra Bastille. » Il est permis d’imaginer que la Grande Boutique, confrontée aux lourdes conséquences financières des grèves récentes (fin janvier les pertes étaient déjà estimées à 16 millions € ...), cherche un moyen de limiter quelque peu les dégâts en établissant un mode fonctionnement à bas régime de fréquentation. En aura-t-elle la possibilité avant que des décisions publiques bien plus contraignantes n'interviennent ? Il est permis d'en douter au vu des choix déja effectués en Italie, mais aussi en Autriche ou dans certains länder allemands ...

Le Théâtre des Champs-Elysées a quant à lui « décidé de stopper les réservations au téléphone, aux caisses et sur internet, pour toutes les représentations programmées entre le 15 mars et le 15 avril jusqu'à nouvel ordre » et « met tout en œuvre pour maintenir les représentations en limitant à 1000 personnes dans la salle ». Des annulations, du fait des artistes, ne sont pas à exclure toutefois. Ainsi Renée Fleming et Evgeny Kissin ne "pouvant se résoudre à accepter qu'une partie des spectateurs soit contrainte d'annuler sa venue" à leur récital du 19 mars ont décidé de ne pas se produire. Même politique de maintien sous la barre des 1000 spectateurs au Châtelet où les toutes les représentations prévues sont maintenues.  

En province, rude coup pour les 2èmes Musicales Franco-Russes de Toulouse (la Halle aux grains a une capacité de 2200 places). Déjà affectée par le préavis de grève de l’ONCT pour la version de concert de la Carmélite de Reynaldo Hahn prévue le 14 mars, la manifestation a en effet été amenée à annuler les concerts de l’Orchestre et du Chœur de Théâtre Bolchoï programmés les 10, 11 et 12 mars et promis à un énorme succès.
L’Opéra de Montpellier a très tôt annoncé lundi que les représentations de Falstaff étaient maintenues, avec contingentement de l’auditoire à <  1000. Telle est l’attitude qui prévaut pour le moment dans toutes les institutions lyriques et les salles de concerts de province.
Une situation globale qui ne manquerait pas d'être totalement modifiée par un passage en stade 3, on l'imagine aisément ...

Enfin, lors de vos sorties, respectez les règles d'hygiène et de prévention les plus élémentaires. 

Alain Cochard
(10/03/20)