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Bruno Mantovani rend hommage à Claude Samuel – « Ce qui l’intéressait avant tout, c’est l’évolution, la trajectoire »
Si Bruno Mantovani (photo à g., né en 1974) avait déjà eu l’occasion de dialoguer par téléphone avec Claude Samuel (photo à dr.) lors d’une émission de France Musique consacrée à l’héritage stravinskien, c’est grâce au Concours Jean-Pierre Rampal qu’il fit sa connaissance directe et que leur amitié est née. « Il m’avait passé commande en 2000 d’une pièce pour flûte et piano pour le Concours 2001. Intitulée Appel d’air, ce morceau vit sa vie depuis vingt ans et jouit d’une certaine popularité dans le monde entier. » Toutes les pièces de concours n’ont pas l’heur de connaître la même destinée ...
Partage d’admiration pour Pierre Boulez
Par-delà l’épisode du Concours Rampal, l’amitié et la confiance qui unissaient Claude Samuel et B. Mantovani tenaient beaucoup aussi « à un partage d’admiration pour la modernité et pour notre grande figure nationale, Pierre Boulez, dont je suis devenu proche après ma rencontre avec Claude. Il m’a ensuite suivi comme compositeur, il venait au concert, écoutait mes créations et je retiens de lui une grande bienveillance et beaucoup de gentillesse. »
« Il m’a invité en 2009, comme professeur de composition, pour l’avant-dernière session du Centre Acanthes (créé en 1977 par Claude Samuel à la demande de Michel Guy, secrétaires d’Etat aux Affaires culturelles ndlr) et nous y avons partagé des moments très forts. Lorsque j’ai été nommé à la direction du CNSMDP (en 2010), il s’en est publiquement réjoui et a continué à suivre mes créations. Mais il s’est intéressé aussi aux projets lyriques du Conservatoire et trouvait les jeunes chanteurs d’un niveau incomparablement supérieur à l’image que l’établissement pouvait avoir en ce domaine. »
Pierre Boulez © Ros Ribas
Confiance, bienveillance et fidélité
« Claude a été très encourageant, quels que soient mes choix. J’ai toujours ressenti chez lui quelque chose d’assez boulézien en fait : la confiance, la bienveillance et la fidélité. J’éprouve beaucoup de peine ; nous ne nous voyions pas très souvent, mais je ressentais une profonde amitié pour lui. Une page se tourne ; je suis très fier d’avoir connu cet homme. On pouvait parler de tout avec lui, il avait une culture encyclopédique, mais on commençait toujours en parlant de musique. Il aimait à dire que, pour comprendre la musique de Schoenberg, il faut tout connaître et regarder l’évolution. Ce qui l’intéressait c’est l’évolution, la trajectoire, la cohérence du parcours ; comment Boulez par exemple passe des Notations à Dérive 2. Sa perception, plutôt sensible et historique, rendait ses points de vue très précieux. »
Alain Cochard
(Entretien avec Bruno Mantovani réalisé le 15 juin 2020)
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