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« Ma vie de ténor » de Jean-François Novelli et Olivier Broche en création au Festival Baroque de Pontoise – Mordant berliozien
« Ma vie de ténor » de Jean-François Novelli et Olivier Broche en création au Festival Baroque de Pontoise – Mordant berliozien
« Quel drôle d’animal ! » s’exclamait Francis Blanche à propos du pianiste dans son fameux texte d’accompagnement du Carnaval des Animaux. Drôle d’animal aussi que le Ténor, auquel Hector Berlioz n’a d’ailleurs pas fait de cadeau dans sa 6e Soirée de l’Orchestre, sous-titrée « Révolution du Ténor ». Ce texte, rédigé d’une plume acérée, a servi de point de départ à Jean-François Novelli (photo) pour le nouveau spectacle qu’il crée le 26 septembre dans le cadre du week-end d’ouverture du 35e Festival Baroque de Pontoise : "Ma vie de ténor (est un roman qui m'intéresse beaucoup)".
La formule texte et musique lui réussi tout particulièrement. Après le « Croustilleux La Fontaine », mis en scène par Juliette, un spectacle très applaudi vu entre autres à Avignon en 2017, l’artiste récidive avec un nouveau « récital théâtral ». Le genre témoigne de « son respect pour l’acte de comédie, de déclamation littéraire », de son goût pour la scène aussi, qu’il a fréquentée de bien des façons (il a même fait du clown !).
Avec quelle délectation J.-F. Novelli s’est-il plongé dans les écrits de Berlioz, d’un mordant souvent redoutable : Les Soirées de l’Orchestre, les Mémoires, A travers chants. « Berlioz s’est beaucoup vengé de ses déboires musicaux avec ses écrits ; il avait une dent particulière contre les chanteurs. » Un ténor se moquant du Ténor ? « Le temps permet la liberté, note le chanteur ; on ne fait pas que vieillir, on grandit aussi ... Dans la 6e Soirée de l’Orchestre, Berlioz dresse un portrait du Ténor en soulignant tous les défauts de la race des gens à voix : appétence pour l’argent, ego hypertrophié, rapport très particulier aux autres et à soi-même. J’ai eu envie de m’amuser avec tout ça ; associer un regard sur le métier de chanteur – même si ça ne me correspond pas du tout –, regard un peu distancié et amusé, et une mise en valeur des écrits de Berlioz. ».
Restait à construire le spectacle : J.-F. Novelli s’est tout naturellement tourné pour la mise en scène vers Olivier Broche, qui avait assuré la direction d’acteur du « Croustilleux La Fontaine ». On aurait bien tort de le réduire aux Deschiens, entouré de François Morel et Yolande Moreau. « C’est un comédien que je trouve assez extraordinaire, que j’ai vu dans plein d’autres spectacles, et aussi un grand passionné de littérature et grand mélomane. » « Ma vie de Ténor » constituera la première mise en scène d’O. Broche, spectacle qui a fait l’objet d’un important travail sur le texte. « Nous avons mis celui de la 6e Soirée à la première personne et, puisqu’il était trop court, nous avons aussi puisé dans les Mémoires de Berlioz, dans celles du ténor Gilbert Duprez – directement visé par Berlioz – ou encore chez Maupassant (Fort comme la mort) ou Flaubert (Madame Bovary), explique le chanteur ».
Autour de cet assemblage de textes, il a bâti un programme musical très original, avec des auteurs plutôt rares, tels que Jadin, Gail ou Niedermeyer, d’autres plus connus : Rossini, Donizetti, Tchaïkovski, Bizet. On trouvera même du ... Novelli ! : Mamma Mia, une « petite fantaisie » qui conduira notre Ténor sur la place publique avec guitare et sébile.
Le plaisir gourmand avec lequel le chanteur comédien évoque « Ma vie de Ténor », sa stimulante collaboration avec Olivier Broche pour un spectacle qui marque aussi ses retrouvailles avec Romain Vaille, le pianiste du « Croustilleux La Fontaine », ne rend que plus impatient d’en faire la découverte. Rendez-vous à Eragny-sur-Oise le 26 septembre, puis au MM Festival de La Rochelle le 9 octobre.
Alain Cochard
(Entretien avec Jean-François Novelli réalisé le 10 septembre 2020)
La formule texte et musique lui réussi tout particulièrement. Après le « Croustilleux La Fontaine », mis en scène par Juliette, un spectacle très applaudi vu entre autres à Avignon en 2017, l’artiste récidive avec un nouveau « récital théâtral ». Le genre témoigne de « son respect pour l’acte de comédie, de déclamation littéraire », de son goût pour la scène aussi, qu’il a fréquentée de bien des façons (il a même fait du clown !).
Avec quelle délectation J.-F. Novelli s’est-il plongé dans les écrits de Berlioz, d’un mordant souvent redoutable : Les Soirées de l’Orchestre, les Mémoires, A travers chants. « Berlioz s’est beaucoup vengé de ses déboires musicaux avec ses écrits ; il avait une dent particulière contre les chanteurs. » Un ténor se moquant du Ténor ? « Le temps permet la liberté, note le chanteur ; on ne fait pas que vieillir, on grandit aussi ... Dans la 6e Soirée de l’Orchestre, Berlioz dresse un portrait du Ténor en soulignant tous les défauts de la race des gens à voix : appétence pour l’argent, ego hypertrophié, rapport très particulier aux autres et à soi-même. J’ai eu envie de m’amuser avec tout ça ; associer un regard sur le métier de chanteur – même si ça ne me correspond pas du tout –, regard un peu distancié et amusé, et une mise en valeur des écrits de Berlioz. ».
Restait à construire le spectacle : J.-F. Novelli s’est tout naturellement tourné pour la mise en scène vers Olivier Broche, qui avait assuré la direction d’acteur du « Croustilleux La Fontaine ». On aurait bien tort de le réduire aux Deschiens, entouré de François Morel et Yolande Moreau. « C’est un comédien que je trouve assez extraordinaire, que j’ai vu dans plein d’autres spectacles, et aussi un grand passionné de littérature et grand mélomane. » « Ma vie de Ténor » constituera la première mise en scène d’O. Broche, spectacle qui a fait l’objet d’un important travail sur le texte. « Nous avons mis celui de la 6e Soirée à la première personne et, puisqu’il était trop court, nous avons aussi puisé dans les Mémoires de Berlioz, dans celles du ténor Gilbert Duprez – directement visé par Berlioz – ou encore chez Maupassant (Fort comme la mort) ou Flaubert (Madame Bovary), explique le chanteur ».
Autour de cet assemblage de textes, il a bâti un programme musical très original, avec des auteurs plutôt rares, tels que Jadin, Gail ou Niedermeyer, d’autres plus connus : Rossini, Donizetti, Tchaïkovski, Bizet. On trouvera même du ... Novelli ! : Mamma Mia, une « petite fantaisie » qui conduira notre Ténor sur la place publique avec guitare et sébile.
Le plaisir gourmand avec lequel le chanteur comédien évoque « Ma vie de Ténor », sa stimulante collaboration avec Olivier Broche pour un spectacle qui marque aussi ses retrouvailles avec Romain Vaille, le pianiste du « Croustilleux La Fontaine », ne rend que plus impatient d’en faire la découverte. Rendez-vous à Eragny-sur-Oise le 26 septembre, puis au MM Festival de La Rochelle le 9 octobre.
Alain Cochard
(Entretien avec Jean-François Novelli réalisé le 10 septembre 2020)
Ma vie de ténor (est un roman qui m’intéresse beaucoup)
Jean François Novelli, Romain Vaille et Olivier Broche
26 septembre 2020 – 21h
Eragny-sur-Oise – Théâtre de l’Usine
https://bit.ly/2Rt5QuZ
9 octobre 2020 – 20h30
La Rochelle – Carré Amelot
mmfestival.fr/jean-francois-novelli-ma-vie-de-tenor-la-rochelle/
Photo © Florence Levillain
Jean François Novelli, Romain Vaille et Olivier Broche
26 septembre 2020 – 21h
Eragny-sur-Oise – Théâtre de l’Usine
https://bit.ly/2Rt5QuZ
9 octobre 2020 – 20h30
La Rochelle – Carré Amelot
mmfestival.fr/jean-francois-novelli-ma-vie-de-tenor-la-rochelle/
Photo © Florence Levillain
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