Sur la Côte d’Opale comme ailleurs, la crise sanitaire a tout fichu en l’air et le Festival Musica Nigella, que l’on attendait comme de coutume au printemps a été annulé. A la période prévue, car l’enthousiasme de Takénori Némoto et Olivier Carreau, les initiateurs de cette manifestation aussi atypique qu’attachante, est parvenu à vaincre les obstacles afin que la 15e édition puisse se tenir du 16 au 25 octobre.
 
Comme de coutume, les propositions de Musica Nigella, largement dominées cette fois par la musique vocale, se révèlent plus alléchantes les unes que les autres. Un programme « Poulenc, l’espiègle » par le baryton Didier Henry et l’Ensemble Musica Nigella (photo), dirigé par Takenori Némoto, ouvre le ban, préfigurant le prochain enregistrement de la formation, à paraître l’an prochain chez Klarthe – il fera suite à un très réussi « Chausson, le littéraire » salué dans nos colonnes il y a quelques mois(1)

Le thème d’Hamlet est doublement présent avec, c’est l’un des temps forts du Festival 2020, l’opéra un cinq actes d’Ambroise Thomas, mis en scène par Didier Henry et dans une adaptation pour petite ensemble signée T. Némoto – un exercice dans lequel l’artiste excelle ! Ronan Debois y tiendra le rôle-titre et Louise Pingeot celui Ophélie, deux chanteurs que l’on aura pu apprécier quelques jours auparavant (avec Sébastien Joly au piano) lors d’un récital « Hamlet français » comportant nombre de pages rares.
Le lendemain, Louise Pingeot, avec des solistes de Musical Nigella, sera la complice d’une visite en musique du Château d’Hardelot, cadre idoine ô combien ! pour le programme «Une Châtelaine en sa tour » qu’elle a concocté à cette occasion.
La voix, celle de Sarah Jouffroy cette fois, sera reine encore lors d’un récital-portrait d’Hortense Schneider, tandis qu’on découvre la soprano Héloïse Koempgen dans un spectacle mis en scène par Alain Patiès « Joie et désespoir », opéra de chambre imaginaire formé de pages de Wagner, Messiaen et Birtwistle.
Côté instrumental, l’anniversaire Beethoven sera célébré avec Annabelle Brey et François Miquel dans les 2e et 3e Sonates pour violoncelle et piano. Mais le naturel – lyrique – de Musica Nigella reprend vite le dessus puisque l’on retrouve peu après le duo dans « Opéra fantaisie », séduisant programme de transcriptions et paraphrases 
 
Autre temps fort du Festival 2020, le diptyque lyrique « Quand le diable frappe à la porte » a de quoi séduire, formé de deux un-acte : les Trois baisers du diable d’Offenbach et Von Heute auf Morgen, unique opérette d’Arnold Schoenberg. Dirigée par Takénori Némoto et mise en scène par Alma Terrasse, cette production (avec les voix de Mélanie Boisvert, Odile Heimburger, Benoît Rameau et Antoine Philippot) s’installera à Paris, sur la scène de l’Athénée, du 5 au 9 mars prochains. Souriante soirée en perspective !
Celle qui referme le 15e Musica Nigella ne devrait pas être en reste sur ce plan, confiée à la mezzo François Masset et à l’Ensemble Musica Nigella sur le thème « De la musique et du vin, sinon rien du tout ! ».
 
Alain Cochard

(1)  www.concertclassic.com/article/le-disque-de-la-semaine-chausson-le-litteraire-par-lensemble-musica-nigella-1-cd-klarthe
 

15^e Festival Musica Nigella
Du 16 au 25 octobre 2020
Côte d’Opale ( lieux divers)
Programme détaillé : www.musica-nigella.fr/le-festival/programmation-2020/

Photo © Jean-François Tourniquet