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Clémentine Margaine et Cyrielle Ndjiki Nya à L’Instant Lyrique d’Eléphant Paname – Nuit dans un jardin d’Espagne - Compte-rendu
Un programme entièrement consacré au répertoire espagnol, voilà qui avait de quoi réchauffer nos âmes endolories par l’arrivée de l’automne et la présence persistante du Covid-19. Plus connue du public pour ses prestations lyriques (elle a déjà endossé quelques-uns des plus grands rôles de sa tessiture de mezzo tels qu’Amneris, Carmen, Charlotte …) qu’en concert, Clémentine Margaine (photo) avait pourtant rendez-vous lundi dernier sous la coupole étoilée d’Eléphant Paname. Divinement accompagnée par sa sœur Sarah, pianiste au fort tempérament et à l’ébouriffante musicalité, la cantatrice se glisse avec gourmandise dans les recoins de la musique subtilement dissonante de Montsalvatge avec les Cinq chansons nègres. Avec robustesse et fierté, l’instrument de Clémentine Margaine – comme un peu plus tard dans la soirée avec les Sept chansons populaires espagnoles de Falla – traduit aisément le mélange de séduction et de provocation qui émane de ces courtes mélodies, avec ce qu’il faut de canaille dans la projection, mais achoppe dès que la tessiture s’élève et déplace les appuis.
La douce berceuse Ninghe, Ninghe de Montsalvatge la déstabilise et lui demande comme dans Asturiana de Falla de gros efforts pour tenir la ligne, avec pour incidence une absence suffisante de soutien et un souffle diminué. Chez Granados (La Maja dolorosa), l’interprète retrouve son assurance, volume, longueur et graves nourris auxquels la langue espagnole, assez bien maitrisée, confère une belle puissance. Dommage que La Nuit espagnole de Massenet soit si appuyée et le français parfois confus et que la dernière vocalise des Adieux de l’hôtesse arabe de Bizet la contraigne à reprendre trois fois sa respiration là où justement celle-ci doit être ininterrompue (écoutez l’exemplaire Marilyn Horne l’exécuter, trille compris !).
Cyrielle Djiki Nya © cyrielledjikinya.com
Pour répondre à la proposition de Barbara Hannigan, instigatrice du programme Momentum mis en place pour faire découvrir de nouveaux talents en ces temps de crise sanitaire, Clémentine Margaine a accepté de parrainer la jeune soprano Cyrielle Ndjiki Nya, tout à fait saisissante dans un long aria issu de la zarzuela El barquillero de Ruperto Chapí, chanté d’une voix ample, chaude et vibrante que l’on a plaisir à réentendre par la suite avec Clémentine Margaine dans El desdichado, irrésistible duo de Saint-Saëns. Malgré quelques problèmes d’intonation, le Damunt de tu nomès les flors de Mompou produit toujours la même émotion, même si la française ne parvient pas à égaler Nan Merriman dans son album de 1954 avec Gerald Moore, celle-ci ayant choisi de changer radicalement de cap avec le drôlissime tango de la Vieille femme extrait du Candide de Bernstein « I’m easily assimilated » ; roulant les « r », usant de sa fibre comique pour un numéro de parodie, rejointe non pas par des voix d’hommes mais par la soprano, elle aussi pleine d’aplomb. En bis, une Séguedille un peu convenue pour Margaine et une très belle mélodie de Ginastera pour Cyrielle Ndjiki Nya : Cancion al árbol del olvido.
François Lesueur
Paris, Eléphant Paname, 12 octobre 2020 // www.elephantpaname.com/fr/centre-d-art/spectacle-concert/27-l-instant-lyrique
© clementinemargaine.com
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