Journal

​Andando Lorca 1936 aux Bouffes du Nord - Comme un avant-goût - Compte-rendu

Spectacle créé le 13 mars 2020 à la Scène du Sud-Aquitain de Bayonne, Andando Lorca 1936 (« En avant Lorca ») vient au théâtre des Bouffes du Nord. Il s’agit toutefois d’une version réduite à un simple concert, qui défile la trame et les musiques de la pièce originellement théâtrale. Car, si après cette création en mars, une tournée du spectacle était prévue dans différentes villes de France, celle-ci s’est retrouvée entièrement annulée en raison des circonstances que l’on sait. Les Bouffes du Nord offrent donc une soirée unique et exceptionnelle, une sorte de mise en bouche ou d’avant-goût d’un spectacle appelé à revenir à partir de novembre 2021 pour une nouvelle tournée (dont les dates et les lieux devraient être précisés).
 
L’idée qui préside à cette pièce réside dans la mise en perspective de textes de Federico García Lorca, en espagnol et traduits en français, parfois déclamés mais surtout mis en chansons par des comédiennes poussant aussi la note, soutenues d’un piano, d’un violon, d’une guitare, d’une contrebasse et de chorégraphies. L’époque est celle de la veille de la guerre civile espagnole, avec un rameau de textes qui évoque ce moment et pour thèmes la mort, l’amour, l’engagement politique, la liberté, le voyage… Daniel San Pedro en a conçu l’adaptation et la mise en scène – limitée aux Bouffes à quelques mouvements devant un porte-cierges aux bougies allumées (évocation mystique) et autour d’une grosse malle de voyage dont sortiront pour finir diverses parures andalouses pour orner des robes tout de noir. La chorégraphie de Rubén Molina apporte l’appoint final d’un solo de flamenco (par cet excellent danseur flamenco éprouvé et reconnu) et d’une forme de ballet d’ensemble pour la sortie de soirée. Pascal Sangla a composé les chansons vaillamment interprétées (à l’aide toutefois d’un petit micro d’oreille), dans un style qui tiendrait davantage du jazz ou de la pop que d’un folklore hispanique. Il dirige et tient la partie d’accompagnement au piano de quelques accords bien plaqués, en compagnie des aussi efficaces Liv Heym au violon (dont on goûte une improvisation façon tzigane) et M’hamed el Menjra passant aisément de la guitare au luth et à la contrebasse. Rubén Molina apporte pour sa part, en sus des coups de talons zapateado de sa partie dansée, une touche de percussion frappée au cajón (caisse de résonnance d’origine latino-américaine courante en flamenco).
 
Les six comédiennes-chanteuses, venues de la Compagnie des Petits Champs (dont Daniel San Pedro est codirecteur avec Clément Hervieu-Léger), méritent d’être également mentionnées pour leur bagout et leur engagement : donc, Aymeline Alix, Audrey Bonnet, Zita Hanrot, Camélia Jordana, Estelle Meyer et Johanna Nizard. Puisque tous se donnent sans compter. Reste à retrouver ce spectacle dans son intégralité scénique, telle que promise par la tournée en fin d’année prochaine. Si les augures sont favorables…
 
Pierre-René Serna

 
Paris, Théâtre des Bouffes du Nord, 25 octobre 2020
 
Photo © Jean-Louis Fernandez

Partager par emailImprimer

Derniers articles