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Les Révélations 2020 des Victoires de la Musique aux Invalides – Ce que révèlent les révélations – Compte-rendu
Mieux que les morceaux choisis pour se présenter aux Victoires, dont le choix est toujours guidé par des critères extérieurs pour flatter les goûts du public, ce concert permet aux artistes de se révéler un peu mieux. Le déroulé initialement prévu, qui alignait de manière assez convenue différentes facettes de l’amour en musique, a heureusement été laissé de côté, l’ordre retenu étant finalement celui qui convenait le mieux aux uns et aux autres.
La Révélation instrumentale, le hautboïste Gabriel Pidoux (photo), montre ainsi un talent de présentateur : il est le seul à prononcer quelques mots concernant les morceaux interprétés, avec aisance et naturel. De l’arrangement de deux extraits de la Flûte enchantée, on retient surtout le deuxième air de la Reine de la Nuit, où la virtuosité convainc plus que dans un air de Papageno devenu beaucoup trop policé. Néanmoins, l’artiste se révèle plutôt dans le deuxième mouvement, délicieusement pastoral, de la Sonate pour hautbois op. 166 composée par Sains-Saëns l’année même de sa mort.
C’est en duo, dans deux des Cinq Pièces pour deux violons de Chostakovitch, que se produisent ses deux rivaux malheureux, Théotime Langlois de Swarte et Raphaëlle Moreau, cette dernière bénéficiant en plus d’un envoûtant Nocturne de Lili Boulanger.
A la Révélation vocale a été réservée la possibilité de grouper toutes ses interventions en milieu de concert. Pour offrir un échantillon de ses compétences, Marie Perbost y chante tour à tour Mozart, Donizetti, Debussy et Reynaldo Hahn, inspirant la même réaction que l’on a déjà pu avoir face à ses prestations : dans l’air de Pamina, la voix est admirablement conduite, et l’interprétation émouvante, mais on souhaiterait que la soprano s’essaye à plus d’intériorité dans le jeu et s’abstienne de ces mimiques qui, à l’inverse, font merveille dans L’Elisir d’amore.
Kevin Amiel a parfois tendance à avoir les yeux plus gros que le ventre : ce n’est heureusement pas le cas ce soir, même si « Una furtiva lagrima » en début de concert le cueille un peu à froid. L’Elégie de Massenet est elle aussi un peu plus musclée qu’on ne voudrait. Nemorino revient pour un duo avec l’Adina de Marie Perbost, et l’on sent que tous deux y prennent un réel plaisir. Le ténor conclut son parcours de façon tout à fait convaincante avec « Non ti scordar di me » d’Ernesto de Curtis ; moins célèbre que « Torna a surriento », cette mélodie lui permet de mettre en valeur un aigu glorieux.
Un arrangement de la valse « Amour qui meurt », tirée de Ciboulette, permet à tous de revenir en scène pour terminer ce concert à écouter le samedi 12 décembre (à 21h) sur Radio Classique. La saison musicale du Musée de l'Armée reprendra - en public, cette fois ! - le 17 décembre avec un "Gala Puccini" interprété par les sopranos Marie-Laure Garnier et Axelle Fanyo et le ténor Yu Shao, accompagnés par le Secession Orchestra de Clément Mao-Takacs.
Laurent Bury
Paris, Cathédrale Saint-Louis des Invalides, 3 décembre 2020 / Diffusion sur Radio Classique le 12 décembre à 21 h / Gala Puccini, 17 décembre à 18h30 : saisonmusicale.musee-armee.fr/concert.html#!2020-2021&Gala-Puccini
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