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« Incandescence » par Stéphanie Moraly et Romain David (Respighi, Dohnányi, Szymanowski, Brahms – Aparté) / Le Disque de la Semaine – Brûlant lyrisme – Compte-rendu
« Incandescence » par Stéphanie Moraly et Romain David (Respighi, Dohnányi, Szymanowski, Brahms – Aparté) / Le Disque de la Semaine – Brûlant lyrisme – Compte-rendu
« Nous avons un petit côté « mousquetaires » », confie Stéphanie Moraly dans l’interview qui accompagne le nouvel enregistrement qu’elle signe avec Romain David (tout deux membres de l’excellent ensemble Syntonia)(1). De talentueux mousquetaires qui aiment à s’aventurer sur des terres musicales peu explorées. Après de remarquables incursions chez Greif, Koechlin et Aubert, la violoniste et son pianiste de prédilection livrent un passionnant enregistrement (2) où la tardive et célèbre Sonate n° 3 op. 108 de Brahms (1888) a pour compagnie trois ouvrages particulièrement rares, dont deux de grande ampleur : la Sonate en si mineur (1917) d’Ottorino Respighi (1879-1936) et la Sonate en ut dièse mineur op. 21(1912) d’Ernö von Dohnányi (1877-1960).
Ottorino Respighi © DR
Respighi : Sonate en si mineur / 2e mvt Andante espressivo (ext.)
Le succès des Pins et des Fontaines de Rome du compositeur italien fait de l’ombre à d’autres aspects non moins admirables de la production d'un grand maître trop méconnu en France. Sa Sonate pour violon et piano en fait partie mais ... il lui faut trouver des instrumentistes capables d’en dominer le puissant flux – et les monstrueuses difficultés techniques ! S. Moraly et R. David sont de ceux-là : on ne résiste pas à l’engagement et à la force de conviction avec lesquels ils nous embarquent dans cette partition fleuve. « Incandescence » : le titre de l'album correspond on ne peut mieux au brûlant lyrisme de la Sonate en si mineur dont les interprètes, en parfaite osmose, épousent l'ample respiration, avec une attention permanente aux innombrables inflexions du tempo, de la dynamique ; du caractère. Face à un matériau surabondant, le duo demeure formidablement maître de son sujet, concentré jusque dans les plus irradiantes envolées.
Le succès des Pins et des Fontaines de Rome du compositeur italien fait de l’ombre à d’autres aspects non moins admirables de la production d'un grand maître trop méconnu en France. Sa Sonate pour violon et piano en fait partie mais ... il lui faut trouver des instrumentistes capables d’en dominer le puissant flux – et les monstrueuses difficultés techniques ! S. Moraly et R. David sont de ceux-là : on ne résiste pas à l’engagement et à la force de conviction avec lesquels ils nous embarquent dans cette partition fleuve. « Incandescence » : le titre de l'album correspond on ne peut mieux au brûlant lyrisme de la Sonate en si mineur dont les interprètes, en parfaite osmose, épousent l'ample respiration, avec une attention permanente aux innombrables inflexions du tempo, de la dynamique ; du caractère. Face à un matériau surabondant, le duo demeure formidablement maître de son sujet, concentré jusque dans les plus irradiantes envolées.
Dohnányi : Sonate en ut dièse mineur - 3e mvt Vivace assai (ext.)
De deux ans antérieure au Quintette op. 26, la Sonate de Dohnányi constitue un autre océan musical, marqué par l’influence germanique (Brahms en particulier). Après la flamme latine de Respighi, l’inspiration prend ici une dimension plus secrète, plus sous-jacente – dans les deux premiers mouvements en particulier. Plein de relief et de vie dans le dialogue entre les deux instruments – dont une partie de piano dont R. David sonde les détails avec une riche palette sonore – le résultat fait honneur à une partition qui mériterait de trouver plus souvent sa place au concert.
De deux ans antérieure au Quintette op. 26, la Sonate de Dohnányi constitue un autre océan musical, marqué par l’influence germanique (Brahms en particulier). Après la flamme latine de Respighi, l’inspiration prend ici une dimension plus secrète, plus sous-jacente – dans les deux premiers mouvements en particulier. Plein de relief et de vie dans le dialogue entre les deux instruments – dont une partie de piano dont R. David sonde les détails avec une riche palette sonore – le résultat fait honneur à une partition qui mériterait de trouver plus souvent sa place au concert.
Brahms : Sonate n° 3 en ré mineur - 1er mvt Allegro (ext)
A la fois emplie d’influences germaniques et de prémices de l’évolution future de son auteur, la Romance en ré majeur op. 23 (1910) de Szymanowski(1882-1937) se déploie avec plénitude sous l’archet de Stéphanie Moraly et tient lieu de transition vers la Sonate n°3 de Brahms placée en conclusion. Après les deux vastes partitions de Respighi et Dohnányi, le surgissement de l’Opus 108, ouvrage très ramassé, produit un resserrement de focale bienvenu et permet de goûter au mieux la vie intérieure et la poésie vibrante que les deux interprètes lui apportent au terme d’un programme aussi original que cohérent.
Alain Cochard
14/06/2021
A la fois emplie d’influences germaniques et de prémices de l’évolution future de son auteur, la Romance en ré majeur op. 23 (1910) de Szymanowski(1882-1937) se déploie avec plénitude sous l’archet de Stéphanie Moraly et tient lieu de transition vers la Sonate n°3 de Brahms placée en conclusion. Après les deux vastes partitions de Respighi et Dohnányi, le surgissement de l’Opus 108, ouvrage très ramassé, produit un resserrement de focale bienvenu et permet de goûter au mieux la vie intérieure et la poésie vibrante que les deux interprètes lui apportent au terme d’un programme aussi original que cohérent.
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14/06/2021
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