Vendredi 23 juillet Vadym Kholodenko et l’Orchestre de Chambre de Paris dirigé par Lars Vogt donnent le coup d’envoi de la 41e édition du Festival de la Roque d’Anthéron avec deux ouvrages parmi les plus populaires qui soient : le Concerto « L’Empereur » et la Symphonie n° 5 de Beethoven. Jusqu’à la soirée de clôture du 18 août confiée à Adam Laloum (dans ses chers Schubert et Schumann), une affiche comme toujours très généreuse et ouverte à des interprètes de toutes générations, attend les mélomanes. À gloire du piano, le festival provençal rime d’abord avec récital et concerto, mais il ne faudrait pas pour autant oublier la place importante que la programmation concoctée par René Martin réserve à la musique de chambre et plus particulièrement cette année au trio avec piano. On dénombre en effet pas loin d’une dizaine d’ensembles invités, tous français, qui témoignent de la vivacité de cette formation dans le paysage chambriste.
 

Trio Arnold © DR
 
Côté répertoire, la musique germanique se taille une place de choix avec de grands classiques tels que les Trios « des Esprits » et « L’Archiduc » de Beethoven par le Trio Chausson (24/07), le Trio n° 1 de Mendelssohn et l’Opus 80 de Schumann par le très prometteur Trio Zeliha (29/07), un ensemble remarqué il y a quelques mois pour un très beau disque Chostakovitch, Arenski, Mendelssohn (Mirare). Avec un enregistrement des Trios à cordes op. 9 de Beethoven chez le même éditeur, le jeune Trio Arnold (10/08) a lui aussi prouvé ses qualités et sa précocité il y a peu. On le retrouve à l’Espace Florans (14/08), non pas en trio mais en quatuor, associé au clavier du merveilleux Sélim Mazari, dans programme réunissant le 3ème Quatuor avec piano de Brahms et, plus rare, le Quatuor en si mineur op. 3 de Mendelssohn, fringante partition d’un génie de 15 ans - dédiée à un certain Goethe ... Du côté du Trio Pascal, Schubert est à l’honneur avec le Trio n°2 et le Notturno op. 118, tandis que le Trio Owon (15/08) joue pour sa part la carte beethovénienne avec les Opus 70 nos 1 & 2. 
 

Trio Karénine © Lyodoh Kaneko

La musique germanique occupe aussi le Trio Karénine (26/07), mais sous l’angle de transcription avec l’arrangement pour trio de la Nuit transfigurée de Schoenberg par Eduard Steuermann, celui des Pièces en forme de canon de Schumann par Theodor Kirchner, Tristia de Liszt (qui n’est autre qu’une adaptation par l’auteur de sa fameuse Vallée d’Obermann) faisant office de complément. C’est là la reprise à l’identique du programme d’un disque particulièrement réussi sorti l’hiver dernier (Mirare) et que nous avions eu l’occasion de saluer(1), au même titre que celui, tout français, du Trio Hélios (photo) occupé par le Trio n°1 de Saint-Saëns, le Trio de Ravel et des pages de Lili Boulanger. Un premier disque (Mirare) totalement accompli (2) et dont le foisonnement poétique rend impatient de retrouver les jeunes instrumentistes, dans les même œuvres (11/08).
 
Quant à la musique d’aujourd’hui, la Roque d’Anthéron ne l’oublie pas : outre un hommage à Gilbert Amy avec d’autres effectifs, on relève, côté trio, trois rendez-vous (9/08 à 11h, 16h30 et 18h) avec le Trio Consonance (accompagné de Ryo Kojima, Jérémy Gabarg et Kojiro Okada) pour une découverte de l’univers de Marco Stroppa.
Enfin, sans que l’on sache pour le moment quel(s) ouvrage(s) il interprétera, il faudra être attentif aussi au jeune Trio Zarathoustra qui se produira lors de la rituelle soirée des ensembles en résidence (15/08).  
 
Alain Cochard