Journal
Israël en Egypte de Haendel sous la direction d’Hervé Niquet au Festival Berlioz 2021 - Opération Tempête du Désert –Compte-rendu
François Saint-Yves © Bruno Moussier
Rapidement disparue des exécutions comme de la version imprimée, la première partie est ici omise, remplacée en guise d’ouverture par le concerto surnommé « Le Coucou et le rossignol » : François Saint-Yves y trouve l’occasion de briller dans le mouvement où l’orgue babillard imite les chants d’oiseaux. A la tête des forces instrumentales et chorales de son Concert Spirituel, Hervé Niquet (photo) s’empare de l’oratorio avec cette énergie dont il est coutumier, soulignant l’âpreté ou le pittoresque des figures évoquant successivement les plaies qui s’abattent sur l’Egypte (sauterelles, grenouilles, ténèbres…) et déchaînant la grosse artillerie quand l’armée de Pharaon poursuit les Hébreux. Evidemment, l’acoustique réverbérante de l’abbatiale de Saint-Antoine-l’Abbaye noie certains détails, moins peut-être à l’orchestre que pour le chœur : malgré son sujet, Israel in Egypt ne ressortit pas à la « musique d’église » et fut créé au King’s Theatre, Haymarket, dans une salle dédiée à l’opéra. Malgré la disposition adoptée, qui place les chanteurs de part et d’autre des instruments, avec altos et ténors tout près du public, sopranos et basses un peu plus en arrière, difficile ici de vraiment distinguer le texte qu’interprète le chœur, sauf dans quelques passages plus lents, plus graves et plus à découvert. On apprécie néanmoins la beauté des pupitres et leur investissement dans une partition qui leur accorde le premier rôle.
© Bruno Moussier
A Saint-Antoine-l’Abbaye, six solistes viennent épisodiquement occuper le devant de la scène, comme en 1739, où était réuni le gratin du chant haendélien, dont la Duparc alias la Francesina et le ténor John Beard. Tomislav Lavoie et Andreas Wolf n’interviennent que pour un impressionnant et virtuose duo/duel de basses. Melody Louledjian n’a pour se faire entendre qu’un duo où les sopranos font assaut de vocalises et de coquetterie (sur le texte « The Lord is my strength and my salvation »!). Sa consœur Florie Valiquette a la chance de pouvoir déployer ses aigus dans un air solo. Plus gâtés sont la mezzo Ambroisine Bré, contrainte d’exploiter les zones les plus graves de sa tessiture, et surtout le ténor Kresimir Spicer, narrateur auquel sont confié plusieurs récitatifs mais aussi quelques airs, dont « I will pursue, I will overtake » pris à un train d’enfer, comme si le chef avait décidé d’organiser une course entre l’orchestre et la voix soliste, compétition dont le chanteur sort victorieux.
Laurent Bury
Diffusion sur Radio Classique le 22 août à 21h : bit.ly/3mkFBYb
Festival Berlioz, jusqu’au 30 août : www.festivalberlioz.com/
Photo © Guy Vivien
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