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Récital d’Axelle Fanyo et Adriano Stampanato à l’Auditorium du Musée d’Orsay – Welcome to cabaret ! – Compte-rendu
Un an et demi que l’Auditorium du Musée d’Orsay n’avait plus accueilli de concert ! Il était grand temps de reprendre de bonnes habitudes, et c’est le jour même de l’ouverture de l’exposition Enfin le cinéma ! qu’a lieu la première manifestation de sa saison musicale 21-22. Depuis quelques années, un partenariat unit le musée du XIXe siècle à la Fondation Royaumont, autour d’une académie consacrée à l’interprétation de la mélodie et du lied, source naturelle de jeunes artistes pour la programmation d’Orsay.(1) Le mois dernier paraissait chez B Records le disque Aimer à loisir réunissant quatre lauréats de ladite académie, et c’est la soprano de ce quatuor qui se produit ce mardi 28 septembre.
Axelle Fanyo (photo), on a pu tout récemment l’entendre dans l’une des Mélodies persanes de Saint-Saëns qui accompagnaient La Princesse jaune sur un disque du Palazzetto Bru Zane, et cette voix séduisante se voit offrir l’occasion de confirmer ses promesses dans un programme franco-germano-américain. Dans les Chansons de Bilitis, la sensualité de « La chevelure » lui convient sans doute mieux que la fausse ingénuité de « La flûte de Pan », mais l’on est d’emblée frappé par la densité du timbre et par une articulation gourmande qui savoure les syllabes du français. Duparc permet à la voix de se déployer plus librement, avec une belle « Invitation au voyage » et beaucoup d’émotion dans « Au pays où se fait la guerre ».
Le volet allemand de ce triptyque penche très nettement vers la toute fin du XIXe siècle, avec le jeune Schönberg composant déjà « Erwartung », mais ce n’est encore en 1899 qu’une mélodie sur un poème de Richard Dehmel, ou Hugo Wolf pour deux lieder sur des textes de Möricke. On est surtout impressionné par le dramatisme qu’Axelle Fanyo confère à une mélodie bien antérieure, « Liebestreu » de Brahms, dont elle fait un véritable dialogue d’opéra entre deux voix nettement caractérisées.
Adriano Stampanato & Axelle Fanyo © Sophie Crépy
Une pause instrumentale permet ensuite au pianiste Adriano Spampanato de sortir de son rôle d’accompagnateur pour devenir soliste à part entière, avec un belle et rare page de Déodat de Séverac, qui nous ramène à l’antiquité grecque fantasmée, sur laquelle s’ouvrait le concert : Les Naïades et le faune indiscret, œuvre qui permet aussi de basculer dans le XXe siècle avec lequel se terminera le programme.
Trois songs de Charles Ives d’abord, d’une belle veine mélodique, puis deux poèmes d’Emily Dickinson mis en musique dans les années 1950 par Aaron Copland. Chaleureusement applaudie, Axelle Fanyo accorde deux bis également américains et laisse exploser son tempérament dans deux Cabaret Songs de William Bolcom, publiées en 1996 mais composées au cours des trois décennies précédentes : « Amor », connu des fans de Joyce DiDonato qui l’a enregistré avec Antonio Pappano au piano, et « George », tout aussi irrésistible de fantaisie et de drôlerie.
Prochains rendez-vous avec Axelle Fanyo : dès le mois prochain, Les Aventures du baron de Münchausen, comédie lyrique imaginée par Hervé Niquet sur des musiques de Campra, Rameau, etc., a découvrir les 12 et 13 octobre au Théâtre Impérial de Compiègne (2)
Laurent Bury
(1) Au sujet de l’Académie Orsay-Royaumont : www.concertclassic.com/article/academie-orsay-royaumont-la-melodie-et-le-lied-au-coeur-du-projet-vocal-de-la-fondation
(2) www.theatresdecompiegne.com/page-les-aventures-du-baron-de-m-nchhausen
Paris, Musée d’Orsay (Auditorium), 28 septembre 2021.
Prochain concert de midi au Musée d’Orsay : Kaëlig Boché (ténor) et Jeanne Vallée (piano), autre lauréat de l’Académie Orsay-Royaumont, le 12 octobre 2021 : www.musee-orsay.fr/fr/programmation-culturelle/kaelig-boche-tenor-jeanne-vallee-piano
Photo © Capucine de Chocqueuse
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