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The Fairy Queen au Festival WDR Tage Alter Musik in Herne (Allemagne) – Un peu plus royale que féerique – Compte-rendu
En conclusion des Tage Alter Musik de Herne était programmé The Fairy Queen de Purcell, œuvre populaire et riche en morceaux célèbres, même si King Arthur a peut-être l’avantage sur ce plan, grâce au Génie du froid et à « Fairest Isle ». Comme pour tous les semi-operas de Purcell, la difficulté de The Fairy Queen vient précisément de cette mosaïque de pièces qui n’étaient pas du tout destinés à être exécutées dans la continuité, mais qui formaient plutôt les différents divertissements insérés dans Le Songe d’une nuit d’été ; les tentatives modernes de recréation du spectacle complet ont souvent été couronnées de succès, même s’il reste possible d’imaginer des formes scéniques se dispensant entièrement du texte shakespearien.
© Thomas Kost
En concert, il faut savoir négocier tous ces rapides changements d’atmosphère, et rares sont les interprétations qui réussissent à préserver l’équilibre entre les diverses humeurs de la partition. A la tête de l’orchestre L’Arte del Mondo, formation allemande jouant sur instruments anciens, le chef suédois Stefan Parkman (photo) semble plus à son affaire dans tout ce qui relève de la majesté, de la pompe, un peu moins dans le registre du comique et de la danse. Dans cette lecture de The Fairy Queen, les moments qui emportent davantage l’adhésion sont donc les passages instrumentaux plus solennels, ou les ensembles les plus imposants. Plus familier d’un répertoire postérieur, le chœur de la WDR partage cette approche, au point que l’on se croit parfois dans une Passion de Bach plutôt que dans la comédie de Shakespeare agrémentée de musique par Purcell : si l’appel au Sommeil à la fin de l’acte II est très réussi (« Hush, no more »), c’est en revanche avec une joie très réservée qu’est célébré l’anniversaire d’Obéron, dont on n’entend guère qu’il s’agit d’un « happy, happy day »...
© Thomas Kost
En 1692, tous les rôles étaient chantés et dansés par les membres de la troupe du Dorset Company Theatre. Il a été décidé pour ce concert que tous les airs solistes seraient interprétés par des membres du WDR Rundfunkchor. Pour ces dix artistes appelés à occuper le devant de la scène, le pari est, dans l’ensemble, relevé haut la main ; tout juste regrettera-t-on, chez quelques-uns, un manque de soutien ou de conviction qui ne leur permet pas de rendre véritablement justice à leurs airs. Parmi ces nombreux intervenants, signalerons simplement quelques prestations plus marquantes. Grâce à une voix bien projetée, Simone Krampe se montre parfaitement à la hauteur des quelques airs qui lui sont dévolus, et l’on regrette qu’il ne lui en ait pas été attribué davantage. Bien qu’un peu moins à l’aise dans « The Night», Insun Min-Neuberger réussit tout à fait « The Plaint ». On s’étonne qu’il ait fallu faire appel à un artiste extérieur (David Feldman, au timbre peu séduisant, et souvent obligé recourir à sa voix de baryton pour les notes les plus basses) pour les morceaux destinés à un contre-ténor, car c’est bien du chœur que provient l’un des chanteurs auquel est confié le duo « Let the fifes and the clarions » fort bien exécuté. Choix tout à fait « ethniquement correct », le ténor You Zuo se montre très convaincant dans le rôle du Chinois. Du côté des clés de fa, Manfred Bittner dévoile des graves somptueux en Sommeil et surtout en Hiver, et Richard Logiewa n’a pas de mal à faire se dérider l’auditoire dans le duo de Coridon et Mopsa. Aurait-il alors fallu imaginer une mise en espace aidant les chanteurs à introduire plus de théâtre dans leur jeu ? C’est peut-être une voie que le festival de musique ancienne de Herne pourrait envisager, pour certaines œuvres du moins.
Laurent Bury
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