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Le Duo Arborescence (Iris Scialom & Antonin Bonnet) à Jeunes Talents – La belle entente – Compte-rendu
Leur duo compte tout juste un an d’existence, ils travaillent encore au CNSMDP dans la classe de François Salque, mais la violoniste Iris Scialom et le pianiste Antonin Bonnet peuvent déjà se prévaloir de succès dans des concours (au « Premio Annarosa Taddei » de Rome fin 2021, au Stasys Vainiūnas à Vilnius en avril dernier) et manifestent une entente musicale qui augure du meilleur pour l’avenir. Le goût de la musique de chambre caractérise il est vrai au plus haut point deux jeunes instrumentistes que l’on a pu découvrir, pour la violoniste, au Centre de musique de chambre de Paris lors de la reprise début décembre d’un excellent spectacle autour de l’Octuor de Mendelssohn (1) ; pour Antonin Bonnet en duo de piano avec Tom Carré ou au sein du Trio Luminescence.
Baptisé Arborescence, leur duo était l’invité de la saison Jeunes Talents dans un original programme sous le signe de la fantaisie – et de la lettre S – qui réunissait la Fantaisie op. 47 de d’Arnold Schoenberg, la Fantaisie en ut majeur D. 934 de Schubert et la Sonate op. 18 de Richard Strauss – dont le mouvement lent est noté « Improvisation ». Programme original et cohérent certes, mais qui ne va pas sans risque, ces trois partitions pouvant aisément se muer en monuments d’ennui dans des mains peu inspirées.
Rien à craindre à cet égard avec des interprètes qui ouvrent la soirée par un Schoenberg d’une vitalité et d’une variété de coloris remarquables – chacune des bouffées de lyrisme qui ponctuent la partition est remarquablement mise en valeur. La sonorité riche et dense d’Iris Scialom peut compter sur le jeu bien timbré d’un partenaire sachant tirer parti du potentiel offert par le Steingräber à sa disposition. A cette belle entrée en matière succède la Fantaisie en ut majeur de Schubert, explorée avec beaucoup d’imagination. Par-delà les exigences techniques de la partition, le Duo Arborescence imprime un merveilleux frisson poétique à la musique et, du portique de l’Andante molto introductif à l’envol du Presto conclusif, montre autant de fraîcheur et de sensibilité dans le propos que de naturel et de liberté dans l’enchaînement des diverses sections.
Richard Strauss conclut avec la Sonate en mi bémol majeur ; réalisation chambriste d’un jeune créateur déjà très attiré par le monde symphonique. Iris Scialom et Antonin Bonnet comprennent cette dimension et s’attachent à la faire ressortir dans une interprétation emplie de souffle et de sève. Le bonheur qu’éprouvent les instrumentistes à pétrir un riche matériau s’exprime de manière on ne peut plus vibrante et sensuelle, sans que le résultat pâtisse d’une quelconque dispersion tant l’approche s’avère fermement tenue du point de vue formel.
Le lied «Sie mir gegrüßt », dont Schubert s’est inspiré dans sa Fantaisie, tient lieu de bis et referme le concert d’un talentueux duo dont le nom commence à circuler – et pour d’excellentes raisons !
Quant à la saison de Jeunes Talents, elle reprendra son cours dès le 7 janvier (Hôtel de Soubise) avec un programme Brahms par Hugo Meder (violon) et Virgile Roche (piano) (2), suivi le 12 janvier (Petit Palais) par un récital Bach, Beethoven, Chopin, Schumann de Bella Schütz.(3)
Alain Cochard
(1) www.concertclassic.com/article/le-trio-consonance-et-interdit-aux-compositeurs-de-de-16-ans-au-centre-de-musique-de-chambre
(2) www.jeunes-talents.org/concerts/aimez-vous-brahms/
(3) www.jeunes-talents.org/concerts/in-modo-romantico/
Paris, Hôtel de Soubise, 17 décembre 2022
Photo © DR
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