Deux décennies après une première intégrale, déjà remarquable, pour le label Lyrinx, Philippe Bianconi revient à la musique de Maurice Ravel, compositeur cher à son cœur s’il en est, avec un nouvel enregistrement pour La Dolce Volta (1). Le temps a fait son œuvre et l’on ne peut qu’être admiratif d’une interprétation magistralement décantée, tant sur le plan pianistique que musical. Pudeur, élégance, noblesse, rejet radical de tout effet : les fondamentaux de l’art – intrinsèquement français – de Bianconi, n’ont pas varié, mais l’artiste a approfondi sa compréhension du compositeur.
 

À la manière d’une amitié que l’on cultive au fil des ans, son compagnonnage avec l’univers ravélien l’autorise à aller plus loin dans l’exploration des partitions, de leurs arrière-plans – du trouble et de la noirceur que cèlent de trompeuses apparences. Magnifiquement capté par les micros de François Eckert, l’enregistrement qui vient de paraître captive de bout en bout, et se referme sur Ma mère l’Oye, quatre-mains que Philippe Bianconi partage avec un collègue de la nouvelle génération et autre ravélien de premier ordre : Clément Lefebvre. Qui s’assemble ...
 
Après des Préludes et des Etudes de Debussy de toute beauté (pour le même éditeur), le parcours français de Bianconi se poursuit, au plus haut niveau. La sortie de ce Ravel méritait d’être dignement fêtée ; ce sera le cas le 5 octobre à Gaveau lors d’un récital qui réunira la musique du Français (Valses nobles et sentimentales, Gaspard de la nuit) et le répertoire allemand (Brahms : Rhapsodies op. 79, Schumann : Carnaval op. 9).
 
Alain Cochard