La finale du Concours Voix nouvelles s’est tenue à l’Opéra-Comique, réunissant dix chanteurs, dont huit chanteuses, accompagnés par l’Orchestre philharmonique de Nice. Ce concours avait mis aux prises non moins de 396 candidats, pour 25 théâtres partenaires (où l’Opéra national de Paris se signale par son absence) et 6 pays participants.
 
Huit Prix ont été décernés, dont six pour les lauréats proprement dits. Le Premier Prix revient à la soprano française Lauranne Oliva (photo), déjà distinguée au Concours de Marmande en 2020 et passée par l'Opéra Studio de l'Opéra du Rhin, qui décroche aussi le Prix des Opéras suisses. Une récompense des mieux attribuées pour cette chanteuse qui sait se lancer avec délicatesse à travers des ornements bien maîtrisés. Car ce genre de concours et de confrontation encourage l’exploit vocal, et tous s’y mettent et n’en manquent pas, aux dépens parfois des raffinements. Ainsi la soprano martiniquaise Livia Louis-Joseph-Dogué, Prix du public, s’épanche d’une voix forte pour une Micaëla (de Carmen) normalement dévolue à une tessiture légère. Et ainsi les autres chanteuses, à la remarquable exception de Lauranne Oliva, de se porter parfois trop au volume et à la puissance.
 

Léo Vermot-Desroches, 2e Prix © DR
 
Le ténor Léo Vermot-Desroches, 2e Prix, sait lui jouer des nuances expressives dans son air de Kleinzach (Les Contes d’Hoffmann) tout en réservant des aigus brillants. Le 3e Prix revient à la mezzo Juliette Mey, très à son aise dans les Cendrillon de Massenet et Rossini), tandis que que le 4e échoit à la soprano Héloïse Poulet, qui se révèle un vraie tragédienne (mimiques comprises) dans son air de Platée de Rameau. D’une voix puissante mais bien portée, la mezzo belge Lotte Verstaen remporte le 5e Prix, et le 6e revient au beau soprano aux aigus soutenus d’Emy Gazeilles.
 

Juliette Mey, 3e Prix © DR
 
On regrette toutefois que le ténor Valentin Thill n’ait eu droit à aucune récompense, lui qui exprime d’un chant si élégant l’air du Benvenuto Cellini de Berlioz (qui plus est, seul avec une parfaite élocution française pour les airs en français du programme). Un ténor que l’on aura plaisir à retrouver. Dans ce programme d’airs d’opéras italiens et français (avec deux incursions du côté de Tchaïkovski et de Rimsky), sont aussi non récompensées la soprano Lila Dufy, pourtant d’une belle dextérité, de même que la puissante mezzo belge Linsey Coppens. Tant la compétition était ardue entre les chanteurs retenus pour cette finale qui se sont tous révélés d’un haut niveau.
 

Chloé Dufresne © Yves Petit

L’orchestre, à même le plateau comme les solistes, accompagne avec justesse et sans couvrir les voix (bien qu’avec quelques cuivres incertains au départ), sous la menée tout aussi bien ajustée de la jeune Chloé Dufresne (ancienne assistante de Gustavo Dudamel à Los Angeles). On déplore seulement les interventions, longuettes, de la présentatrice, qui interfèrent de façon superfétatoire entre les passages de chaque interprète.
 
Pierre-René Serna