Les Sept Péchés capitaux (Die Sieben Todsünden) de Kurt Weill reviennent à la maison, le lieu de leur création le 7 juin 1933 : le Théâtre des Champs-Élysées (Maurice Abravanel était à la baguette, la distribution comprenait Lotte Lenya, l’épouse du compositeur ; l’accueil fut plutôt frais). Ce « ballet chanté » avait été créé à Paris en raison des circonstances, le nazisme et l’émigration forcée de leur auteur. Le complice de Weill, Bertolt Brecht, en avait signé le livret (en allemand) qui narre l’épopée voyageuse de deux sœurs à la recherche de la fortune à travers sept villes des États-Unis, dans un propos corrosif sur une musique de même ton.
 

Marc Leroy-Calatayud © Cyprien Tollet – Théâtre des Champs-Elysées

Dans cette nouvelle production, en version de concert mise en espace, la conception revient à Marc Leroy-Calatayud avec la collaboration du metteur en scène Laurent Delvert. Pour cette partition assez brève, il a été adjoint une première partie en forme de cycle de mélodies (parfois accompagnées au piano par Edwige Herchenroder) de Weill, mais aussi de Charles Ives, Aaron Copland et Joseph Edgar Howard, ainsi que des textes déclamés et appropriés au sujet d’Asli Erdoğan (écrivaine et opposante turque, évoquant ici les souffrances de son pays).
 

Yoan Le Lan, Victor Sicard, Alban Legos, Jérôme Varnier © Cyprien Tollet – Théâtre des Champs-Elysées

La distribution s’avère d’excellent niveau, tant dans les mélodies que dans les Péchés, menée par le chant irradiant de Marina Viotti (Anna I), confortée par une juste Judith Chemla (Anna II et la narratrice) et un beau quatuor masculin (Yoann Le Lan, Alban Legos, Victor Sicard, Jérôme Varnier) – le tout avec un jeu scénique bienvenu. L’Orchestre de Chambre de Genève s’épanche avec ardeur sous la battue précise du jeune et fringant Marc Leroy-Calatayud, confirmant cet éclatant retour.