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​Klaus Mäkelä dirige l’Orchestre de Paris – Spécial Jeunes – Compte rendu

 

L’Orchestre de Paris songe à l’avenir et au renouvellement de son public. A preuve la soirée du 9 janvier, réservée à des participants de moins de 28 ans (à tarif préférentiel). Les passe-droits étaient rares, mais on a toutefois pu se glisser dans la grande salle de la Philharmonie, archi-pleine d’auditeurs venus en solo, entre amis ou en amoureux. Concentration, absence de toute sonnerie intempestive : leur attitude tout au long du concert en disait long en tout cas sur la qualité de leur écoute face au programme Boulez, Debussy, Poulenc, Moussorgski/Ravel que dirigeait Klaus Mäkelä.
 
C’est l’année Boulez : perchés tout en haut des gradins du fond de scène, quelques souffleurs de la phalange ouvrent le ban avec Initiale, brève réalisation pour sept cuivres que le Français écrivit en 1987 pour l’inauguration du musée de la Menil Collection à Houston. Le morceau se déploie avec fluidité sous la battue du jeune maestro.

 

© Denis Allard

Des Nocturnes de Debussy il offre ensuite une lecture très originale, en particulier pour des Nuages qui, par l’inquiétude sous-jacente qu’on y perçoit, regardent autant vers Whistler que vers Poe, et pour Fêtes, fuyant tout effet, toute extériorité afin de préserver une dimension secrète. Magnifiques Sirènes enfin où les voix féminines du Chœur de l’Orchestre de Paris répondent on ne peut mieux à une direction nuancée.
 

Elsa Benoit © Denis Allard
 
Un chœur en pleine forme – bravo à Richard Wilberforce, entouré pour la préparation du concert par Tatiana Pérez-Hernandez, Pierre-Louis de Laporte et Gisèle Delgoulet – que l’on retrouve dans le Gloria de Francis Poulenc. À la fois très «tenue» et d’une grande jubilation intérieure, la première section Maestoso donne le ton d’une conception assez sévère mais vécue et prenante. D’autant que les choristes s'y distinguent par leur homogénéité et leur engagement, tandis que la soprano Elsa Benoit se révèle exemplaire de poésie dans le recueillement.
 
Avec les Tableaux d’une exposition placés en seconde partie, Mäkelä montre un art d'orfèvre auquel ses instrumentistes répondent avec raffinement. On n’en éprouve pas moins un sentiment ambivalent au terme d’une lecture qui s’intéresse parfois plus à Ravel orchestrant Moussorgski qu’à la russité de ce dernier (ne prenons que l’exemple du Bydlo dont on voudrait l’avancée plus douloureuse, plus terreuse et le ciel plus noir). Un magnifique moment d’orchestre néanmoins – qui comble son public.
 
Alain Cochard
 

Paris, Philharmonie, 9 janvier 2025

© Denis Allard

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