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Sigiswald Kuijken dirige l’Orchestre des Pays de Savoie - Stimulante rencontre - Compte-rendu
Né en 1984, l’Orchestre des Pays de Savoie assume depuis lors pleinement sa vocation itinérante. L’arrivée de Nicolas Chalvin en 2009 a donné une belle impulsion à une formation dont la programmation sait à la fois séduire le public et stimuler sa curiosité. L’OPS regarde aussi résolument vers l’avenir avec une très importante action pédagogique qui représente 30 % de ses activités (un projet d’orchestre à cordes de jeunes se met en place pour la saison prochaine).
Fruit d’une intelligente concertation entre l’OPS, la Maison des Arts Thonon–Evian, dirigé par Thierry Macia, et l’Evian Resort, qui comprend certes deux hôtels de luxe mais aussi La Grange au Lac (étonnante salle de concerts que l’industriel Antoine Riboud fit construire pour Rostropovitch en 1993), une résidence de L’Orchestre des Pays de Savoie à La Grange au Lac a été mise en place cette saison avec une série de quatre concerts dont le succès prouve que la fidélisation des mélomanes s’est très vite effectuée. Outre la qualité musicale des propositions, il faut reconnaître que le charme de ce lieu tout de bois bâti (à l’exception des feuilles d’aluminium d’un plafond qui contribue à la réussite d’une acoustique naturelle et chaleureuse) aura compté dans le succès. Quatre concerts seulement cette saison : dans ces conditions, on ne peut que saluer l’élégance de geste de Nicolas Chalvin qui, plutôt que de tous les diriger, a souhaité confier le dernier d’entre eux à Sigiswald Kuijken. « J’ai une grande admiration pour cet artiste et j’avais envie que l’OPS le découvre et profite de son irremplaçable expérience », nous confiait-il à l’automne dernier(1).
Stimulante rencontre que celle qui a ainsi été permise entre les musiciens savoyards et l’un des pionniers de mouvement baroque ! Dès l’Ouverture de La Finta Giardiniera le plaisir que l’orchestre tire de cette aventure musicale est palpable. Avec la Symphonie concertante pour violon et alto KV 364 on a affaire à un ouvrage d’une autre ampleur, écrit en 1779 durant la période de transition entre Salzbourg et Vienne, dont Cordelia Paw (violon) et Sara Kuijken (alto) tiennent les parties solistes. Mais Sigiswald Kuijken veille au grain et c’est bien l’esprit d’une symphonie concertante qui domine toujours, avec une belle osmose entre les deux archets et un orchestre que le chef sait faire respirer avec autant de naturel que de justesse stylistique – mention spéciale pour l’Andante, lyrique mais jamais alangui.
Une tonalité plus sombre caractérise la seconde partie où l’Adagio et fugue en ut mineur jouxte la Symphonie n°25. Le chef s’attache à ne jamais forcer le caractère de la musique et, pour le coup, le diptyque KV 546 manque de tension. Dans le KV 183, Kuijken saisit en revanche pleinement la singularité d’un ouvrage qui marque la première incursion de Mozart symphoniste dans la tonalité de sol mineur. L’urgence se rime jamais avec pathos ou opacité ; on est d’un bout à l’autre pris par l’énergie et le foisonnement interne d’une conception à l’image d’un jeune artiste qui, en 1773, franchit un cap décisif avec cette œuvre confondante de maturité. Et quel bonheur enfin d’observer la complicité parfaite qui règne entre des instrumentistes heureux de jouer le jeu de l’expérience dépaysante à laquelle Sigiswald Kuijken les invite.
Alain Cochard
(1) : Lire l’interview de Nicolas Chalvin
Evian, La Grange au Lac, 13 avril 2013
Site de l’Orchestre des Pays de Savoie : www.orchestrepayssavoie.com
Site de la Maison des Arts Thonon-Evian : www.mal-thonon.org
Site de l’Evian Resort : www.evianresort.com
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Photo : Gerard Ruiz
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