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Jonathan Biss en récital à Piano à Lyon - Idéal romantique - Compte-rendu
Fils de l'altiste Paul Biss et de la violoniste Myriam Fried, petit-fils de la violoncelliste Raïa Garbousova, le pianiste américain Jonathan Biss (né en 1980) a grandi à l'ombre d'une famille de musiciens, aussi avide d'exigence que de discrétion. Malgré une pléiade de récompenses et une reconnaissance internationale, il reste encore trop peu connu en France. C'est tout à l'honneur de Piano à Lyon de lui avoir offert une de ses rares dates de récital françaises cette saison (1), malgré les tournées européennes prestigieuses qu'il réalise régulièrement.
Pour ce rendez-vous lyonnais, l’interprète revient à son compositeur de prédilection, Schumann, dont il avait signé des Kreisleriana de toute beauté voici cinq ans chez EMI. A l'époque, il avait dédié son disque « à ceux qui écoutent en secret », reprenant à son compte la citation de Schlegel placée par Schumann en exergue de sa Fantaisie op 17, comme une profession de foi.
L’allure d'intellectuel réservé de l’Américain ne se confond jamais avec de la timidité. Engagé et concentré, il prend tous les risques, détimbrant une mélodie, variant les tempi avec souplesse ou respirant pour créer entre chaque phrase ou mouvement un reflux propice à la rêverie.
Certains choix peuvent laisser l’auditeur sur faim : l'alternance entre des Phantasiestücke de Schumann et des extraits de Sur un sentier recouvert n'est pas forcément féconde, même si elle ne manque pas de brio. Mais après une Sonate de Berg flamboyante marquant son autre inclination, celle pour la musique du XXème siècle, le retour du pianiste à l'idéal romantique des Davidsbündlertänze montre toute l'intelligence musicale et la variété de jeu dont il est capable.
La maîtrise laisse toujours place à la spontanéité. Rigoureux et fougueux à la fois, il alterne une puissance sans agressivité avec une simplicité touchante et confère à ce cycle parmi les plus beaux du romantisme allemand, une architecture aussi lisible que dense. Jusqu'au Nicht Schnell final qui conjugue à merveille les deux facettes de Schumann, sa mélancolie profonde avec les élans juvéniles de la passion.
Luc Hernandez
(1) notez que Jonathan Biss sera l’invité du Festival Piano aux Jacobins de Toulouse, le 20 septembre 2013
Lyon, Salle Molière, 6 mai 2013
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Photo : Jilian Edelstein Licensed to EMI Classics
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