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L’Orchestre Français des Jeunes à Vichy – L’OFJ, exemple et référence - Compte-rendu
Dernière étape de la tournée d’été de l’Orchestre Français des Jeunes, le concert à l’Opéra de Vichy aura sûrement ravivé bien des souvenirs dans la mémoire des responsable de cette formation, à commencer par son directeur Pierre Barrois. On se souvient en effet que, de 1993 à 1999 (1), l’OFJ fut en résidence à l’Opéra de Vichy, avant de faire un séjour à l’Auditorium de Dijon pour finalement élire domicile, à partir de 2007, au Grand Théâtre de Provence où il a depuis lors rendez-vous deux fois l’an.
Très stimulante pour les jeunes musiciens (de 16 à 25 ans) qui forment l’exemplaire et irremplaçable phalange-école fondée en 1982 à l’instigation de Maurice Fleuret, la session qui s’achève leur aura permis de participer au Festival d’orchestres méditerranéens de jeunes organisé à Aix début août - et même de prêter main forte à l’Orchestre National des Jeunes d’Irak (14 musiciens ont été recrutés spécialement par l’OFJ pour s’intégrer à cette formation lors de sa venue à Aix).
L’année 2013 a aussi conduit l’OFJ à enrichir sa mission formatrice en invitant ses membres à participer à divers ateliers : « Entreprenariat et professionnalisation », animé par Pascal Foy (responsable Mission Entreprises du Groupe Audiens), «Sensibilisation au problèmes de santé des musiciens » par Isabelle Campion (ostéopathe de la Clinique du Musicien) et « Introduction à l’interprétation classique » par Julien Hervé (clarinette solo de l’Orchestre de Rotterdam et de l’Orchestre Les Siècles – et ancien membre de l’OFJ) et Jan Orawiec (violon solo des Siècles). L’intelligent pragmatisme qui se manifeste là et l’expérience engrangée trois décennies durant expliquent que l’OFJ soit devenu une référence pour les formations, française ou étrangères, impliquant des musiciens encore étudiants et que leurs responsables sollicitent régulièrement les conseils des dirigeants de notre orchestre-école.
Fin de tournée estivale à Vichy donc pour une phalange que l’on retrouve sous la direction de Dennis Russell Davies, avec Bertrand Chamayou en soliste. Croiser en fin d’après-midi aux abords de l’Opéra de jeunes musiciens piaffant d’impatience de se produire est déjà un bonheur ; plus grand encore celui de les entendre le soir sous la baguette enthousiaste et rigoureuse de leur directeur musical (1).
Programme franco-allemand contrasté, qui s’ouvre avec le lumineux Concerto en sol majeur de Ravel sous les doigts d’un Bertrand Chamayou d’une fraîcheur irrésistible. Les membres de l’OFJ ont une sacrée chance de se produire au côté d’un soliste de cette trempe ! Ce d’autant qu’il joue pleinement la carte du dialogue avec l’orchestre dans une interprétation fouillée, vivante mais sans précipitation inutile dans les mouvements vifs et avec en son cœur un Adagio assai aussi naturel que tendrement fluide et paré de couleurs raffinées. Quel sang froid aussi chez un interprète qui, en plein milieu de ce magique épisode, parvient à ne pas se laisser déconcentrer par le comportement de deux ou trois individus – que par bienséance nous nous dispenserons de qualifier – qui, sans vergogne, descendent l’allée centrale pour venir s’installer… au premier rang côté cour ! Quant on méprise à ce point la musique et les interprètes, on est prié de se tenir à distance.
Bicentenaire Wagner oblige, le musicien est au programme de la seconde partie avec « Le Ring sans paroles », réalisation signée Lorin Maazel où s’enchaînent dans leur ordre d’apparition les principaux extraits symphoniques de la Tétralogie, du Prélude de L’Or du Rhin au thème de l’amour libérateur sur lequel se referme Le Crépuscule des Dieux. Vrai défi pour les jeunes instrumentistes que ce digest : en l’espace d’un peu plus de soixante-dix minutes ils y sont confrontés, à de la musique géniale certes, mais aussi à une inhabituelle concentration de difficultés techniques qui confère à son exécution un caractère hautement formateur.
Le courant passe avec le maestro américain, visiblement heureux de conduire ses jeunes troupes et de leur transmettre son expérience. D’une gestique aussi précise que suggestive, il sculpte la masse sonore, dose les timbres et entretient de bout en bout une formidable ferveur. Pas une once de routine, seulement un désir de musique, une envie de se donner au maximum qui, une fois de plus, font honneur à l’OFJ et soulèvent l’enthousiasme du public, gratifié en bis d’un Prélude de l’Acte III de Lohengrin rondement mené.
Alain Cochard
(1) Marek Janowski était à cette époque directeur musical de L’OFJ, il passa le relai à Jesus Lopez Coboz en 1998
(2) Après avoir dirigé l’Orchestre en 2008, Dennis Russell Davies en a repris les rênes en 2011.
Vichy, Opéra, 23 août 2013
Site de l’Orchestre Français des Jeunes :
www.ofj.fr/fr/accueil.html
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Photo : © kai bienert
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