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Sir Simon Rattle dirige le Phiharmonique de Berlin – Rentrée viennoise - Compte-rendu
Une Nuit transfigurée de Schönberg à vous faire frissonner où les seules cordes prennent soudain des couleurs cuivrées et parfois même celles de la voix humaine. Certes, à la charnière des siècles, le chef de la seconde école de Vienne n’a pas encore lâché la bonne vieille tonalité héritée de Bach, mais un certain Siegmund Freud est passé par là et Mahler a révolutionné l’orchestre. C’est ce que Sir Simon Rattle sait dire comme personne à la tête de la Philharmonie de Berlin qui a sonné, comme à l’accoutumée, l’ouverture de la nouvelle saison musicale parisienne salle Pleyel.
Faut-il compter au nombre des signes de cette pénétration des arcanes de l’œuvre le trouble qui saisit rapidement un jeune auditeur ? Pourquoi pas. Après une telle tension en tout cas, les trois Fragments tirés de Wozzeck firent figure de détente – toute relative ! – grâce pour l’essentiel à la voix inspirée de la soprano canadienne Barbara Hannigan, grande prêtresse de la modernité dont elle fait le plus suave des poisons.
Changement radical d’esthétique avec Le Sacre du printemps de Stravinski où Simon Rattle va déchaîner les fanfares des cuivres sur un tapis de bois. Il a certes réuni les meilleurs instrumentistes du monde dont il a fait le plus… mondialisé des orchestres, au point que cela s’entend désormais. Mais où sont le moelleux et la parfaite homogénéité des pupitres d’une phalange forgée par Karajan et Michel Schwalbé, son fidèle premier violon solo français ?
Le pupitre des premiers violons a notamment perdu une unité de timbre qui faisait des Berlinois le modèle de tous les autres orchestres de par le monde. Les Viennois, eux, ont su préserver leur patine de vieille Europe centrale. Désormais, pour entendre un son allemand, il faut écouter les orchestres de Dresde ou de Munich. Rattle a fait de celui de Berlin le premier orchestre américain d’Europe. Les choses ne changeront pas avant que n’arrive son successeur en 2018 après seize années de mondialisation effrénée.
Jacques Doucelin
Paris, Salle Pleyel, 1er septembre 2013
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Photo : © Peter Adamik
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