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« La Damoisele qui sonjoit » par Diabolus in Musica - Cru, vous avez dit cru ?
Dans la coulisse, côté cour, le son de la cornemuse se fait peu à peu plus proche, une carriole (1) à hauts pans latéraux entre en scène et s’y déploie bientôt tel un petit théâtre de foire. Un comédien (Francis Freyburger) et cinq musiciens (Estelle Boisnard, chant, cornemuse et flûte ; Bruno Caillat, percussions ; Antoine Guerber, harpe romane ; Christophe Tellart, vielle à roue et cornemuse ; Florien Verhaegen, vièle à archet) ; dispositif minimaliste pour un spectacle mis en scène par Jean-Yves Ruf, dans une scénographie d’Eric Ruf et Delphine Sainte-Marie, avec des costumes signés Claire Planchez. Tous se sont bien gardés de céder à la tentation de la reconstitution « médiavalo-médiévaleuse » ; c’est simple, efficace, évocateur, poétique et croustillant – et susceptible de séduire un large public. Avertissement liminaire du comédien « aux oreilles chastes et sensibles » : les fabliaux du XIIIe siècle à partir desquels est bâti ce savoureux moment de littérature et de musique ont la particularité d’appeler un chat un chat, un vit un vit, un con un con, ce de manière aussi crue et grivoise que dénuée de vulgarité. Il y a d’ailleurs matière à méditer pour nos sociétés « évoluées » dans ces fabliaux où la femme finit toujours par avoir le dessus – dans tous les sens de la formule ! – telle celle « qui fut foutue et défoutue pour une grue », comme le conte si joliment Garin.
Mais quittons des considérations qui pourraient nous mener fort loin - en des temps où le niqab connaît le succès que l’on sait dans certains coins du pays de Voltaire… - et revenons au spectacle proposé par Diabolus in Musica, que nous sommes allé humer en avant-première, à Tours où l’ensemble dirigé par Antoine Guerber est établi. Changement d’orientation pour Diabolus, que l’on associe d’abord à la musique sacrée ; dans un registre tout différent « La Damoisele » démontre une non moins grande proximité avec l’univers médiéval. En français modernisé, les textes(2), dits, dégustés plutôt, par l’épicurien Francis Freyburger cohabitent harmonieusement avec la musique – un choix de pièces qu’Antoine Guerber décrit comme « un aperçu du fond sonore de la rue et du quotidien du XIIIe siècle ».
Un comédien et cinq musiciens ? Il faut ajouter un septième protagoniste, le vin, dont Jean-Yves Ruf a su faire un personnage à part entière. Comment ? A vous de le découvrir … Création de « La Damoisele qui sonjoit » dans le cadre du Festival d’Île-de-France, le 5 octobre à Guyancourt, à la Ferme de Bel Ebat – le lieu idoine !
Alain Cochard
(1) Très réussie, elle a été fabriquée dans les ateliers de l’Opéra de Tours.
(2) Ils seront publiés prochainement aux Editions de l’Amandier
« La Damoisele qui sonjoit », fabliaux crus du XIIIe siècle
Ensemble Diabolus in Musica
5 octobre – 20h30
Guyancourt (78) – Ferme de Bel Ebat
Festival de d’Île-de-France
www.festival-idf.fr
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Photo : Benjamin Dubuis
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