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Le pianiste Richard Goode : Une clarté émerveillée
S’il fait partie des grands maîtres du piano contemporain, Richard Goode demeure largement méconnu en France et il faut saluer le Festival Piano aux Jacobins de Toulouse qui a pris l’initiative d’inviter le pianiste américain pour l’avant première parisienne d’une 25ème édition qui se tiendra dans la ville rose du 7 au 28 septembre.
Les Bagatelles op 126 de Beethoven ouvrent une grande soirée de musique et d’emblée Goode nous frappe par son extraordinaire capacité de conjuguer une clarté de la pensée et du dessin qui confine à l’abstraction avec une présence du son, une dimension sensible, une fraîcheur de ton, un étonnement qui épargnent toute froideur au propos.
L’intelligence de la partition n’est jamais intellectualité chez cet interprète. La Sonate D. 845 de Schubert affiche une sidérante lisibilité de l’architecture, de la polyphonie (sur ce point l’Andante poco moto n’est pas prêt de quitter notre mémoire !), mais la fermeté du propos, l’acuité rythmique du jeu ne conduisent toutefois pas une quelconque « beethovénisation » de la musique. C’est bien l’esprit de Schubert qui règne ici – et Goode nous convie à tout un drame intérieur avec cette sonate incroyablement moderne.
Pour atteindre sa cible, il suffit de viser juste… Le pianiste ne force jamais le trait, ne surcharge jamais la ligne ; il ignore le pathos. Son piano n’est jamais bruyant mais cultive en revanche les nuances du timbre avec subtilité inouïe. Avec quelle force de conviction nous entraîne-t-il dans le voyage poétique des Davidsbündlertänze de Schumann ! Oui Schumann peut se montrer impatient sans quoi que ce soit de brouillon ; il peut chanter à pleins poumons sans une once de sentimentalité. Devant un public muet d’admiration, Goode le prouve. Son interprétation fait figure de rêve émerveillé. Lorsque l’Opus 6 s’éteint dans le tendre intimisme que l’on sait – d’ailleurs, il faut être un Grand pour terminer un récital par cette œuvre à la conclusion si peu « publique »… - l’auditoire dit son bonheur et sa gratitude en prenant quelques instants avant que le applaudissements ne fusent – pour réclamer trois bis (Chopin, Brahms, Bach) touchés par la grâce.
Alain Cochard
Théâtre des Champs Elysées, le 22 juin.
Photo : DR
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