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Festival d'Art Sacré : spiritualité et éclectisme
Vingt-sept ans d'existence : dire que le Festival d'Art Sacré est solidement ancré dans les habitudes musicales de la capitale relève de l'euphémisme. Ce 27e Festival marque toutefois un tournant puisqu'il voit le départ de Jacques Taddei qui assurait la direction artistique de la manifestation depuis 1994.
Plus resserrée que de coutume (du 1er au 16 décembre), la programmation n'a en revanche rien perdu de ce goût de l'éclectisme qui l'a toujours distinguée. De la musique ancienne à des improvisations d'orgue, le Festival d'Art Sacré est susceptible de combler un large éventail de mélomanes. Et ce avec des tarifs attractifs puisque tous les concerts sont accessibles à un tarifs unique de 10 euros.
Période faste pour la musique sacrée la musique ancienne et baroque se taille une place de choix et occupe d'ailleurs la soirée d'ouverture avec l'oratorio Jephtha de Haëndel par l'Ensemble Opera Fuoco dirigé par David Stern et des solistes tels que Paul Agnew, Lisa Larsson ou Guillemette Laurens.
Ce 27e Festival ne pouvait manquer de rendre hommage à Marc-Antoine Charpentier et deux soirées mettent celui-ci à l'honneur, l'une partagée avec des œuvres de Carissimi - le maître de l'auteur du Te Deum - par Michel Corboz et les Chœur et Orchestre de Lausanne, l'autre par Le Concert spirituel d'Hervé Niquet.
Instruments anciens, instruments modernes : la diversité des approches est aussi l'un des signes distinctifs d'une manifestation où l'on trouve par ailleurs aussi bien une soirée Telemann-Mouret-Couperin-Leclair par l'Ensemble baroque de Nice de Gilbert Bezzina, un programme intitulé "Chapelles et couvents parisiens" par Sagittarius et Les Sacqueboutiers dirigés par Michel Laplénie ou un concert autour de Noël par l'Ensemble La Fenice que le fameux Messie de Haendel sous la baguette de John Nelson à la tête de son Ensemble Orchestral de Paris à la Cathédrale Notre Dame de Paris les 15 et 16 décembre.
Plus discret, le répertoire romantique est principalement représenté par Mendelssohn que l'on entend à la fois sous la conduite de Marek Janowski avec le Chœur et de l'Orchestre de Paris et par les Solistes de Lyon et Bernard Têtu dans un passionnant programme ou figure aussi la création française du Requiem d'Olivier Greif(1950-2000) - une créateur trop précocement disparu et dont la progressive découverte réserve de magnifiques surprises.
Le XXe siècle sera pour sa part présent dans un concert Poulenc-Chamouard-Bernstein de l'Orchestre Colonne et de la Maîtrise de Paris (dir. Patrick Marco) ou avec un programme instrumental de tonalité hébraïque par l'Ensemble Circe. Quant à la soirée avec l'Orchestre Poitou-Charentes dirigé par Jean-François Heisser, elle associe de manière très originale les Illuminations de Britten, les Trois petites liturgies de Messiaen et les Chants liturgiques de Dvorak et permettra sûrement de juger des progrès étonnants que la formation régionale a effectués depuis que J.F. Heisser en a pris la direction artistique.
L'orgue n'a pas non plus été oublié et l'amateur du genre retiendra les auditions de Laszlo Fassang et des lauréats du dernier Concours international d'orgue de la Ville de Paris : Ghislain Leroy et Noël Hazebroucq.
Des contes juifs, chrétiens et musulmans par Jean-Jacques Fdida accompagné par Anello Capuano (oud et ney) et un programme de polyphonies corses par le splendide Chœur d'hommes de Sartène de Jean-Paul Poletti ajoutent enfin à la richesse et à l'éclectisme de ce 27e Festival.
Alain Cochard
Festival d'Art Sacré, du 1er au 16 décembre. Infos : 01 44 70 64 10.
Photo : Pierre et Gilles, maquette Philippe Diversy
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