La musique de Louise Farrenc (1804-1875) vous était jusqu'à présent inconnue ? Ne rougissez pas de honte car les enregistrements en sont plus que rares et les occasions de l'entendre en concert quasi inexistantes. La situation va heureusement se modifier grâce à l'initiative de l'Auditorium du Louvre qui invite à la redécouverte d'une musicienne très présente dans le paysage musical parisien du XIXe siècle.

D'abord connue en son temps pour une abondante musique de piano - son Air russe varié op 17 s'attira par exemple les compliments de Robert Schumann -, Louise Farrenc ne limita pas sa création à un instrument qu'elle maîtrisait remarquablement (et enseigna d'ailleurs de 1842 à 1873 au Conservatoire de Paris). On lui doit par exemple aussi trois symphonies et des ouvrages de musique de chambre. C'est à partir de ces derniers que Monique Devaux, responsable de la musique à l'Auditorium du Louvre, a bâti un cycle où les réalisations de l'artiste française sont mises en parallèle avec celles d'un contemporain célèbre : Robert Schumann.

Pour réussir le pari de cette redécouverte, il fallait réunir des interprètes de premier plan, prêts à s'investir dans l'entreprise. C'est là l'atout premier d'une programmation où, de Nicholas Angelich à Guillaume Sutre, de Jean-François Heisser à François Salque, de Philippe Bernold à Romain Guyot, de Daishin Kashimoto à Alexander Kniazev, de Laurent Korcia à François Leleux, de superbes musiciens incitent l'auditeur à tenter l'aventure.

Si la musique de chambre domine amplement, le piano solo de Farrenc trouve aussi sa place grâce à Jean-Frédéric Neuburger (3ème Prix et Prix du Public du dernier Concours Long-Thibaud) sous les doigts duquel des études de la compositrice en particulier voisinent avec les Kreisleriana et l'Arabesque de Schumann.

Robert mais aussi Clara Schumann (avec leurs concertos pour piano respectifs) seront enfin au programme du concert de clôture de ce cycle Farrenc (à Gaveau, le 12 février) avec Brigitte Engerer en soliste, aux côtés de l'Orchestre National d'Ile-de-France sous la baguette de Moshe Atzmon. Ce dernier conduira par ailleurs la Symphonie n°1 op 32 d'une créatrice dont ont aura déjà pu cerner l'univers singulier et attachant.

Alain Cochard

Cycle Farrenc/Schumann. Auditorium du Louvre, du 5 au 26 janvier. Salle Gaveau, le 12 février. Infos : 01 40 20 55 55.

Photo : DR/Musée du Louvre