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Paris - Compte-rendu - Merveilleuse Annette Dasch !
Le public du Théâtre de la Ville à Paris est assurément tombé sous le charme de la jeune cantatrice allemande, qui a remporté un véritable triomphe lors du récital qu’elle a donné en compagnie sa sœur Katrin le 19 janvier dernier. Annette Dasch, dans tout l’éclat de sa rayonnante beauté, a séduit les mélomanes parisiens par des qualités exceptionnelles pour une chanteuse aussi jeune.
Saluons d’abord un programme construit avec sensibilité et intelligence. Intitulé « Das Mädchen spricht » (la jeune fille parle), il se composait de lieder de Schumann, Brahms, Wolf, Martin et Strauss mettant en scène les émois d’un premier amour comme la peur de vieillir. Si bon nombre de poèmes croulaient sous la mièvrerie des roses parfumées, des tristes rossignols et des printemps fleuris, Annette Dasch leur a associé des textes plus graves ou plus ironiques, tels les quatre lieder de Mignon écrits par Schumann et par Wolf, ou bien les six lieder grinçants du même Hugo Wolf sur des poèmes de Gottfried Keller. L’on a pu ainsi constater combien est évident le talent dramatique d’Annette Dasch, qui, consciente que la difficulté d’un tel récital réside dans le capacité de l’interprète à « changer de climat très vite », parvient à incarner les émotions les plus variées et les personnages les plus divers.
Il faut louer également la diction magnifique de la chanteuse : les textes étaient déclamés avec une maîtrise et une clarté souveraines. Soulignant avec malice une allusion mystérieuse dans Thérèse de Keller, mis en musique successivement par Brahms et par Wolf, n’hésitant pas à tituber comiquement sur la scène pour représenter une femme ivre (Das Köhlerweib ist trunken de Wolf), déployant toutes les beautés vocales dont elle est dotée pour chanter le bouleversant Vom Strande d’Eichendorff de Brahms ou l’aimable Ständchen de Strauss, Annette Dasch a conquis le public par ses remarquables qualités de musicienne et par sa modestie souriante.
Soulignons enfin la présence discrète mais essentielle de Katrin Dasch, qui, après avoir accompagné quelque peu prosaïquement sa sœur dans les premiers lieder de Schumann, a gagné en assurance au cours du concert et a instauré un dialogue d’une grande délicatesse et d’une intensité réelle dans la seconde partie du récital, contribuant ainsi au succès incontestable de ce concert.
Christophe Corbier
Photo : DR
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