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Paris - Compte-rendu - Premier concert du cycle Bach/Berio à la Cité de la musique

Le concert du 10 mars était essentiellement consacré à Berio avec deux œuvres proches dans le temps si ce n’est stylistiquement, le Concerto pour deux pianos (1972/1973) et la Sinfonia (1968/1969). Auparavant le prélude et fugue pour orgue BWV 552 de Bach transcrit par Schönberg servait de portique majestueux au concert. La référence à Bach pour Berio était référence avant tout à une idée et c’est ainsi sous doute que Schönberg la concevait. Mais ce dernier accordait aussi de l’importance à l’habillage de cette idée et, en voulant trop bien faire, il a un peu dispersé l’attention que l’on porte aux lignes de Bach dans un chatoiement orchestral séduisant avec, entre autres, sa harpe, son glockenspiel et son piccolo.

Ceci dit l’œuvre impressionne par son énergie concentrée qui était celle aussi du chef Ingo Metzmacher, perdant sa baguette dans un mouvement un peu trop vif. Et l’orchestre a pu dans cette partition commencer à déployer sa riche palette, mise encore plus en évidence dans les deux œuvres de Berio. Cependant dans le Concerto pour deux pianos ce sont les sœurs Labèque qui ont raflé la vedette, mettant en œuvre une énergie torrentielle dans cette partition tellurique qui commence comme un rêve mais qui est ensuite succession de déflagrations, dans un climat harmonique un peu anarchique. Cette œuvre caractéristique des années 70 a un peu vieilli ce qui n’est pas le cas de la toujours superbe Sinfonia qui elle assume une violence mieux maîtrisée.

C’est un miracle d’équilibre de tous les paramètre, mélodiques, harmoniques, rythmiques, vocaux, orchestraux. On ne se lasse pas des greffes multiples apportées par Berio au scherzo de la deuxième symphonie de Malher, à la poésie des deuxième et quatrième mouvements, au soudain embrasement cuivré de la fin, magnifiquement rendus par un Orchestre National galvanisé par Ingo Metzmacher et par les formidables Swingle Singers, huit chanteurs qui se servent d’un micro et qui s’intègrent parfaitement à la polyphonie de Berio.

Sylvain Hochard

Cité de la musique

Photo : Marco Borggreve
 

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