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Paris - Compte-rendu - Bénédict sans Béatrice
On espérait Anne-Sophie von Otter en Béatrice, pari déjà risqué, la courageuse Isabelle Cals la remplaça presque au pied levé. Tant que le personnage pique et raille (tout le I), elle pouvait faire illusion, mais son grand air du II la laissait courte de voix, exsangue de timbre, et le Trio la trouva toute aussi épuisée.
C’est avec le style, et aussi avec une partie trop lourde pour elle qu’Inva Mula du lutter dés son air d’entrée, l’un des plus complexes sorti de la plume de son auteur : le chant de Héro ne se réfère pas tant au bel canto qu’à Gluck, ombre tutélaire qui plane sur tout ce que Berlioz écrivit pour la voix. Pourtant, la soprano voulu absolument regarder du coté de Bellini, et sombra corps et âme.
Le Benedict en grande voix et parfait de style de Paul Groves sauvait la matinée, mais ce furent les seconds rôles qui mirent tout leur sel à une lecture décidément trop décousue. François Le Roux, auquel on avait confié la mise en espace d’un spectacle privé de dialogues (l’impeccable Carole Bouquet lisait en leur place un texte non dénué d’humour de Jean-Claude Carrière), s’était fait la tête de Berlioz, c’est bien le moins, pour camper un Somarone plus vrai que nature qui provoqua l’hilarité de la salle.
L’Epithalame fut en effet d’anthologie, et tout le début du II déjanté à souhait. Ce sont les seconds rôles qui tinrent le premier plan : Schirrer et Degout, irrésistibles de verve et d’entrain, et surtout l’Ursule de Marie-Nicole Lemieux, que l’on n'en finit pas de découvrir sous des jours avantageux. John Nelson et son Ensemble Orchestral de Paris distillaient un bel éventail de couleurs, même si un certain relâchement dans la discipline d’ensemble pouvait se faire sentir. Au total une lecture plutôt déconcertante.
Jean-Charles Hoffelé
Photo : DR
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