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Paris - Compte-rendu - Christophe Eschenbach, Lang Lang et l’Orchestre de Paris en pleine lumière
Dés la levée de la Nuit transfigurée on savait que l’on allait assister à un concert d’exception. Eschenbach choisit un tempo cursif, andantissimo, évitant à l’œuvre de s’effilocher comme c’est trop souvent le cas. Le quatuor d’orchestre fut splendide (les altos !), la subtilité du concertato emmené par Roland Dugareil, véritable héros de la soirée (il sera tout aussi sollicité dans la Seconde Suite de Bacchus et Ariane), créait des espaces d’intimité sulfureux. Eschenbach redonna à l’œuvre sa sensibilité nerveuse, son sens dramatique, collant au poème de Dehmel. Une réussite rare qui montrait à quel point de fusion le chef est parvenu avec son orchestre.
La Seconde Suite de Bacchus, emmenée d’un souffle, formidablement élancée jusque dans sa péroraison, montrait un galbe musclé. Et quel plaisir d’entendre cette musique à laquelle l’orchestre est si intimement lié depuis le temps de Cluytens et de Munch.
En seconde partie, les parisiens découvraient Lang Lang (photo ci-contre), jeune prodige de l’écurie DG sur lequel la critique tire à vue (comme si le fait d’être signé par une major était une infamie). Son Quatrième de Beethoven, sans affectation et d’un pianisme contrôlé tenait bien la route, l’artiste est subtil, son spectre de couleurs varié, et dans le final il donna libre court à une fantaisie caracolante qui laisse présager un Empereur de première lignée pour demain.
En bis, une déception, le Rêve d’amour de Liszt, englué dans le sucre, et une surprise la Grande paraphrase sur la Chauve Souris, morceau de bravoure dans lequel le jeune homme ébroua une technique décidément scintillante. A suivre avec la plus grande attention.
Jean-Charles Hoffelé
Concert de l’Orchestre de Paris, Théâtre Mogador, le 2 juin 2004.
Photo: DR
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