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Metz - Compte-rendu - Le Triomphe des Huguenots de Meyerbeer à l’Opéra de Metz
En clôture de sa saison 2003/04 Laurence Dale a surpris le monde lyrique en osant programmer cet ouvrage jugé injouable par une intelligentsia qui officie depuis quelques années dans le monde lyrique. Preuve en était donné, ce dimanche à Metz, que lorsque préside à la tête d’un théâtre, un directeur qui connaît son metier et ose aller au-delà du possible, il peut réussir et mettre à ses pieds un public qui ne demande qu’à être conquis.
Ce que nous donne à voir et à entendre Laurence Dale, secondé par Daniel Esteve, est un miracle de poésie et de beau chant qui plus est dans un français impeccable. Décor unique qui se transforme en palais ou extérieur de Paris uniquement par des effets de lumières fort bien réussis agrémentés de superbes combats réglés avec maestria par Christophe Mortagne, qui interprète également le personnage de Cossé.
Les chœurs renforcés à l’occasion par l’ensemble Mill et Tre, et fort bien préparés par Jean-Pierre Aniorte, sont d’une efficacité remarquable et seconde une distribution de tout premier plan qu’à su réunir avec beaucoup de talent Laurence Dale.
En tête de distribution, et dans le rôle impossible de Raoul, un Rockwell Blake en état de grâce, technique excellente, mais en doutions-nous chez ce Rossinien émérite. Rien n’est forcé dans ce chant qui rapproche Meyerbeer du bel canto et fait fit des ténors hurleurs, qui ont trop longtemps cantonné ce personnage dans un style où il n’avait rien à y faire. La messa di voce est toujours impeccable et la voix passe sans problème un orchestre fourni après vingt-cinq de carrière bien remplis, un exemple pour les jeunes générations.
La reine de Navarre est campé par une Sally Silver, que l’on n’attendait pas dans ce rôle, les coloratures sont exécutés avec beaucoup de panaches ainsi qu’une voix égale sur tous les registres. La diction là aussi est irréprochable, et l’actrice est des plus intelligentes.
A Alketa Cela revient la rude tache de chanter Valentine, rôle de Falcon par excellence. Elle y réussit à merveille, avec un soin raffiné de la ligne de chant, et son duo avec Raoul au quatrième acte est un moment d’anthologie.
Superbe Marcel de Philippe Kahn, voix généreuse dont les graves abyssaux résonnent avec une rondeur absolument parfaite. Sublime Urbain de Hjördis Thebault, complété par le Nevers d’Ivan Ludlow. Comme je l’ai signalé plus haut, tous ces artistes chantent dans un français impeccable, ce qui à fait dire à plus d’un spectateur que le sur titrage était bien inutile.
L’autre découverte de ces Huguenots fut le chef Jeremi Silver à la tête de l’orchestre National de Lorraine en état de grâce : précision du geste, clarté des timbres, homogénéité de tous les pupitres, un jeune chef qui connait son Meyerbeer et à suivre de très près.
Bernard Niedda
Les 6 juin 2004 à l’Opéra de Metz.
Photo: DR
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