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Strasbourg - Compte-rendu - La Tempête, Thomas Ades triomphe à Strasbourg
Dans le cadre du festival Musica l’Opéra National du Rhin présentait, en co-production avec l’Opéra Royal de Covent Garden, La Tempête de Thomas Ades, sur un livret de Mérédith Oatès d’après Shakespeare. L’ouvrage en trois actes suit d’assez près le drame de Shakespeare, avec quelques variantes aux seuls fin de rendre le drame vécu par Prospero dans un langage adapté à la dramaturgie lyrique.
Les décors de Tom Caims et Moritz sont à la foi fonctionnels et créent admirablement les lieux et le drame vécu par les protagonistes. Les superbes costumes de Moritz Junge (années 50) permettent une lecture actualisée de ce drame.
On avait pu remarquer le talent de compositeur d’Opéra de Thomas Adès lors de la production de Powder her face à Metz la saison dernière, et l’on à pu se rendre compte à Strasbourg, que l’Opéra convient parfaitement à ce jeune compositeur, sa musique est fort agréable à l’oreille, aucune rugosité, et surtout les climax sont fort bien décrit par la musique. De plus Adès connaît admirablement les voix, le langage musical coule à merveille et chaque tessiture est respectée dans un souci constant de servir les chanteurs au mieux de leurs possibilités.
Le deuxième acte culmine dans trois arias écrit dans la pure tradition classique. Le récit de Caliban, superbement interprété par le ténor Christopher Lemmings, est soutenu par un tapis de cordes, ponctué de longs accords qui permet à la voix de donner toute son expressivité.
Le second aria dévolu au roi Alonso n’est pas sans rappeler par la couleur et le style le lamento d’Ariana de Monteverdi. Là aussi le ténor Philip Sheffield fait merveille et réussi à émouvoir dans un personnage qui, au demeurant, n’attire pas la sympathie. Mais c’est pour les deux jeunes amoureux, Miranda (sublime Natascha Petrinsky) et Fernando (superbe Toby Spence), que Thomas Adès laisse parler un langage musical digne des meilleurs cantilènes de Bellini. Le soutien du duo de cette fin de deuxième acte vous arrache des larmes, d’autant que ces deux interprètes sont excellents. Ils tiennent leurs parties avec une technique sans faille, une voix saine et harmonieuse, comme on aimerait en entendre souvent..
La palme revient au baryton Jason Howard dans le personnage de Prospéro. La voix est ample et généreuse, la prononciation parfaite et le comédien est fort habile. Il y a du Wotan dans ce personnage omniprésent tout au long de ces trois actes. Un rôle éprouvant tenu sans faille jusqu’à la fin de la représentation.
L’orchestre et le chœur sont fort bien conduit par le chef Daniel Klajner. Thomas Adès un immense compositeur d’Opéra du XXI° siècle et qui ne tardera pas à devenir un grand classique, de même qu’un pilier du répertoire.
Strasbourg le 1er octobre 2004
Bernard Niedda
Photo: DR
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