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Paris - Compte-rendu : André Jolivet centenaire
Hélas non, le compositeur n’était pas dans la salle pour son jubilé, André Jolivet nous a quitté en 1974, avant ses soixante quinze ans. Mais Henri Dutilleux avait tenu à honorer la mémoire de son ami en venant écouter ce Concerto pour violon, son ultime partition, toute entière plongée dans le monde primitif et magique qui animait son imaginaire.
L’œuvre conserve intacte son pouvoir de fascination, jusque dans ses nombreux passages fragmentaires : les trois sections du second mouvement sont constituées d’une série de segments dont l’aspect lacunaire semble ouvrir autant de portes qui ne seront pas refermées. Le finale retrouve toute l’habileté coutumière de Jolivet pour les écritures rythmiques aux coulés complexes et aux timbres fauves.
L’œuvre est un peu la possession de l’Orchestre de Paris qui en assura la création le 27 février 1973 sous la direction de Zdenek Macal avec en soliste le premier violon de la phalange à l’époque, Luben Yordanoff. Ensuite, Devy Erlih s’est emparé de l’œuvre en essayant en vain de l’imposer au répertoire. C’est qu’elle déconcerte au point qu’on à l’impression qu’elle vient tout juste d’être composée. Il faut parfois un recul de plusieurs décennies pour comprendre les partitions trop en avance sur leur époque.
Isabelle Faust (photo ci-dessus) fut exemplaire, et l’accompagnement de Plasson honorable, même si on eut souhaité plus de mordant, de contrastes. Elle devrait l’enregistrer aux cotés de deux autres concertos pour violon de la même période, celui de Serge Nigg et le second de Jean Martinon. Plasson avait ouvert le concert par une suite de Ma Mère L’Oye subtilement narrative. Sa Symphonie de Franck, trop lente, trop lourde, souffrait de l’acoustique capricieuse de Mogador, ignorant tout pianissimo, allant de mezzo forte à forte. Le grand orgue que Franck dissimule dans son orchestre chantait parfois avec un beau lyrisme, mais l’on préfère ici plus de sveltesse et une baguette autrement fulgurante.
Jean-Charles Hoffelé
Concert de l’Orchestre de Paris dirigé par Michel Plasson avec Isabelle Faust, Théâtre Mogador le 19 janvier 2005.
Programme détaillé de l’Orchestre de Paris
Photo: Alvaro Yanez
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