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Metz - Compte-rendu : Les Contes d'Hoffmann, version Choudens 1907
Choudens 1907, tel est le choix de la partition pour cette production des Contes d’Hoffmann montée à L’Opéra théâtre de Metz. Un lieu unique, le foyer d’un théâtre avec les couloirs et la salle en arrière plan où se donne une représentation du Don Juan de Mozart avec en guest star la cantatrice Stella. Le décor est planté et les fantasmagories du poète Hoffmann prennent vie sous nos yeux.
Dans l’esprit embrumé du poète, Nathanael devient Spalanzani, Hermann, Schlemil, Luther, Crespel. Parti pris fort judicieux d’Eric Chevalier directeur des lieux, qui réalise également les superbes décors de cette production. Malheureusement, ce dispositif scénique agrémenté des magnifiques costumes de Dominique Burté, ne peuvent prendre vie le dimanche 12 juin : une malencontreuse panne du jeu d’orgue oblige en effet à donner la représentation avec la salle éclairée et les lumières de services sur le plateau..
Dans ces conditions tous nos éloges vont à l’ensemble de la production qui a courageusement accepté d’assurer le spectacle.
L’Hoffmann de Daniel Galvez Vallejo, malgré une voix trop large pour le rôle, pare son incarnation de superbes couleurs. La voix sait se faire tour à tour charmeuse et brillante suivant les affects du rôle. Enfin un Hoffmann qui ne hurle pas de la première à la dernière note.
Les intentions du compositeur sont respectées : une seule interprète pour les quatre incarnations féminines. Pari entièrement réussi par la soprano Sally Silver. La voix est souple, chaque incarnation campée avec une couleur différente, que ce soit les vocalises stratosphériques d’Olympia, la candeur d’Antonia, ou la ligne plus corsée de Giulietta. Une prestation saluée par une salle entièrement conquise. Au baryton basse Hugues Georges revient la lourde tâche d’incarner les quatre méchants. Il y réussit merveille avec une voix égale sur toute la tessiture. Miracle et Dapertutto, convenant mieux à sa forte personnalité.
Maria Soulis, La muse/Nicklausse, ainsi que Christophe Mortagne, les quatre valets, ajoutent à la qualité générale de la distribution. Les chœurs complétés par l’ensemble Mille e Tre admirablement préparés par Jean-Pierre Aniorte, se distinguent par une homogénéité parfaite L’ensemble du plateau chante dans un français qui permet d’appréhender toutes les nuances du texte, fait assez rare de nos jours pour être salué…
Un dernier mot sur l’orchestre National de Lorraine conduit par un Jacques Mercier en état de grâce. Lorsque le répertoire français est interprété avec autant de génie par tous les acteurs d’une production, on se prend à regretter qu’il ne soit pas plus souvent programmé.
Bernard Niedda
Metz- Opéra théâtre, le 12 juin
Photo : Christian Legay
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