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La Roque d’Anthéron - Compte-rendu - Sandro de Palma ou l’élégance italienne
Fin d’après midi paisible sur le festival de la Roque d’Anthéron… Le doux bruissement du vent, si caractéristique dans ce parc du Château de Florans, se plaît à faire frémir les arbres centenaires de ce cadre enchanteur. Par moment, c’est le chant des cigales qui se fait entendre. Une des raisons pour laquelle se produire en ce lieu est décidemment une expérience à part.
Samedi 13 Août 2005, honneur à la musique Italienne et au soliste napolitain Sandro de Palma. Un récital dans son ensemble convaincant. Joué sans interruption, il sera entrecoupé de sonates de Scarlatti et de Clémenti pour se terminer par une incursion dans l’œuvre de Beethoven.
A travers les sonates K.197 et K. 455 de Scarlatti, le pianiste donne un ample aperçu de son aisance digitale mais aussi de sa capacité à émouvoir l’auditeur. Un toucher délicat, des interventions précises, sobres, servies par un jeu délié et extrêmement clair. Des attaques de note particulièrement incisives dans le K.455 où s’entremêlent rythmes tumultueux et jeux de notes rapides répétées. La sonate en fa min. opus 25 no5 de Clémenti revêt un caractère passionné et nous plonge dans un climat pré- romantique. Un premier mouvement expressif, mis en lumière par une limpidité des traits. Le lento e patetico est, quant à lui, empreint de gravité, de tension mélodique et rythmique. Le Presto final se veut bondissant et la variété de couleurs et tempi est parfaitement exploitée grâce à une grande clarté d’ensemble – l’italien n’utilise d’ailleurs quasiment pas de pédale. Retour à Scarlatti avec tout d’abord une sonate, (K.380) dont la variété de son et de nuances sied parfaitement à de Palma. Puis la K. 427, avec son tempo vif, ses contrastes et sa virtuosité. Un brin d’humour à travers des trilles d’une grande fraîcheur.
Curieusement, il aura fallu attendre la sonate pour piano en si b maj. opus 24 n°2 de Clémenti pour entendre un son dense naître des doigts du soliste. Le temps qu’il puisse probablement ‘dompter’ son Steinway. Tour à tour sensible et brillant dans l’Allegro con brio puis d’une réelle beauté expressive dans l’Andante, le jeu millimétré de Sandro de Palma fait merveille dans le Rondo final. De quoi laisser présager une fin de concert passionnante.
Pourtant, petite déception dès les premières mesures de la sonate n°14 en ut # min. op.27 n°2 de Beethoven. Le pianiste opte pour un pianissimo feutré assez uniforme, très intériorisé sans aucun crescendo et surtout de rares incursions dans le piano. A moins que les pièges de l’acoustique ne nous permettent pas d’apprécier l’interprétation à sa juste mesure. Un adagio sostenuto qui se révèlera somme toute assez monotone. Suivit un Allegretto très surprenant, joué comme s’il s’agissait d’un morceau de Scarlatti… Une vision de la partition qui est donc très éloignée de cette ‘fleur entre deux abîmes’ dont parlait Liszt. Le Presto Agitato fut lui plus réussi. Davantage de caractère, livré de manière ‘brute’, mais sans pour autant saisir l’essence Beethovenienne. Des traits parfois joués de façon superficielle, à fleur de clavier, se terminant par des accords fortissimo à la sonorité sèche et dure. De même, des passages de transition joués au fond du clavier mais sans contrastes marquants ni poésie lors de passages normalement tout en nuance.
Deux bis fort intéressants pour conclure ce concert : une sonate de Cimarosa puis une mazurka sobre et élégante de Frédéric Chopin.
Florence Michel
Festival de La Roque d’Anthéron, le 13 août 2005
Photo: DR
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