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Paris - Compte-rendu : Kurt Masur et l’Orchestre National entament leur cycle Tchaïkovski. Amorce délicate
En quatre concerts, Kurt Masur veut proposer « son » Tchaïkovski. Et pourquoi non ? Signataire à l’époque glorieuse de son magister Leipzigois d’une intégrale discographique hors normes des Symphonies qui continue de faire mouche, le chef briegois s’est souvent confronté aux tourments de l’auteur de la Pathétique.
Première difficulté, le choix même des œuvres. Peut-on vraiment ignorer la poétique quasi pouchkinienne de la 1ére Symphonie au profit de l’exercice de variations dans le ton populaire qui tire à la ligne de la seconde Symphonie ? Est-il possible de préférer au grand second Concerto de piano, partagé entre éclats virtuoses et musique de chambre, le mouvement unique du Troisième resté inachevé ? Et si l’on veut faire découvrir Tchaïkovski pourquoi asséner une fois de plus les trois dernières symphonies, et oublier Manfred, les Suites d’orchestre, les poèmes symphoniques rares et quasiment jamais entendus à Paris (Tempête, Voyevode) ?
A moins que l’objectif soit simplement de programmer trois concerts populaires : la preuve, le Théâtre des Champs- Elysées toiletté pour sa nouvelle saison – il a suffi de retirer les moquettes et de doter la scène d’un cadre en bois profilé pour retrouver une acoustique plus précise et chaleureuse sinon pour la métamorphoser radicalement – affichait complet.
Le redoutable Capriccio italien, ce pont aux ânes des matinées symphoniques, ouvrait la fête. Pour emprunter un bon mot à un confrère et néanmoins ami, ce « Kaprize» fut plutôt Silésien : martial, certes jamais vulgaire, mais la fantaisie, le sourire, l’imagination enjôleuse ? Envolés, pas même considérés. Plus désolant, un Premier Concerto en bois exposait le creux de la vague où surnage péniblement Nikolaï Lugansky depuis trois années. Qu’est-il arrivé à la sonorité gourmée de cet artiste si prometteur. Raide, durcie, elle lutte il est vrai contre un instrument horrible, peut-être le plus improbable des Steinways en résidence à Paris : grave étamé, médium étranglé, aigu glabre, très vite discordato, rien pour aider le jeu métronomique, sans projection, sans poésie d’un virtuose qui semble s’être abonné à toutes les gazettes du formalisme et de l’ennui.
On se souvient pourtant d’une Tatiana Nikolayeva amoureuse dévoilant ce petit prodige devant une poignée de journaliste lors d’une déjà lointaine édition du Midem. Masur reprend les rênes pour la Seconde Symphonie, mais cette fois il ne peut rien faire contre l’indigence d’une partition notoirement faible. Morne soirée. Le public lui a beaucoup aimé.
Jean-Charles Hoffelé
Théâtre des Champs-Elysées, Paris, le 10 novembre. Les trois autres concerts du cycle se dérouleront au même endroit, les 17, 22 et 25 novembre.
Photo : DR
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