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Festival Île de découvertes
Aulnay-sous-Bois accueille du 21 au 23 avril le Festival Ile de découvertes, une manifestation (gratuite) organisée à l’initiative de l’Orchestre National d’Île-de-France et de son Directeur Général, Marc-Olivier Dupin. Celui-ci s’explique sur la raison d’être et l’esprit du festival et plus largement sur la santé de la formation dont il a la charge.
Huit concerts, dix créations, quarante et un compositeurs : pendant trois jours, de Amy à Zappa, de Bartok à Stockhausen, en passant par Krawzyck, Campana, Cendo, Finzi, Jansen, Parra, Deshaulle, Rizo-Salom, Tôn-Thât Tiêt, Urrutia, Zender, etc., « Île de découvertes » mêle la musique du XXe siècle et la création contemporaine. Qu’est-ce qui vous a amené à proposer ce mini-festival ?
Marc-Olivier Dupin : « D’un point de vue général il n’y a pas beaucoup d’endroits qui se consacrent à la musique contemporaine – on a connu des périodes plus militantes qu’aujourd’hui en la matière… L’Orchestre National d’Île-de-France ayant un financement public Région/Etat, il me semblait normal d’entreprendre des choses dans le domaine du contemporain. D’autant que pendant la saison beaucoup de nos partenaires franciliens sont assez réservés sur ce répertoire et même sur la musique du XXe siècle. Mais il est d’heureuses exceptions et, la saison prochaine, la Sinfonia de Berio sera par exemple donnée dans plusieurs endroits.
Par ailleurs, il est important que l’Orchestre garde le contact avec la création. Les orchestres ne peuvent pas être que des musées et se cantonner à une fonction patrimoniale, aussi noble soit-elle. Je ne voulais pas créer une manifestation de musique contemporaine sur Paris intra muros, où l’offre est déjà assez importante. L’ODIF a une mission de diffusion en Île-de-France et est amené à développé des projets avec les lieux les plus divers.
A Aulnay-sous-bois nous avons trouvé une conjoncture très favorable, d’abord grâce aux personnes. Christophe Ubelmann, Directeur de l’espace Jacques Prévert, se passionne pour le répertoire contemporain, Julien Guénébaut, Directeur de l’Ecole Nationale de Musique et de Danse d’Aulnay, est lui aussi très engagé sur la création. De plus, le Théâtre et l’ENM sont deux équipements mitoyens et offrent un confort d’accueil idéal pour une formule un peu « Folle journée ».
Qu’est-ce que vous a guidé dans le choix du répertoire ?
Marc-Olivier Dupin : Si l’on fait écouter de la musique contemporaine à des auditeurs que ne sont pas forcément des spécialistes, des habitués, il faut un jeu des contrastes. Dans l’ensemble, je me suis attaché à choisir des pièces assez courtes et d’esthétiques très variées et à faire appel à des artistes de générations différentes.
Comment se porte L’Orchestre National d’Île de France ?
Marc-Olivier Dupin : L’Orchestre se porte de mieux en mieux pour des raisons très objectives. J’ai d’abord obtenu de la région la création de seize postes de musiciens permanents lorsque j’ai pris mes fonctions il y a quatre ans. Ceci a porté l’effectif à quatre-vingt quinze musiciens, ce qui permet de jouer tout le répertoire – en faisant parfois appel à quelques instrumentistes supplémentaires pour des œuvres exceptionnelles.
L’orchestre, qui a été fondé en 1974, arrive à une période de renouvellement. Le mélange entre jeunes et moins jeunes créé une dynamique très enrichissante. En ce qui concerne les chefs d’orchestre nous avons un budget bien meilleur, ce qui nous a permis de nous attacher les compétences d’un chef principal formidable, Yoel Levi. J’insiste sur le fait qu’il a été désigné par l’orchestre. Il me semble très important de responsabiliser les musiciens sur le choix du chef principal, de même qu’ils sont consultés lorsqu’il s’agit de réinviter des chefs. Je ne cherche pas être systématiquement dans le « star system », sans être forcément contre non plus. L’Orchestre National d’Île de France est un peu découvreur de talents : je pense à des chefs tels que Juraj Valcuha, Alain Altinoglu et d’autres jeunes baguettes qui font un travail remarquable et permettent à l’orchestre d’entrer en contact avec des gens très différents.
Quel est le nombre de concerts d’une saison ?
Marc-Olivier Dupin : Nous avons entre 70 et 80 concerts par an. Les actions éducatives se sont beaucoup développées car il très important pour un orchestre de préparer le public de demain et de trouver une relation au lieu de diffusion. Les théâtres sont de plus en plus rétifs aux concerts « parachutés» et réclament des projets qui préparent et impliquent le jeune public. Notre travail territorial est passionnant : il s’agit d’un véritable tissage ; il faut rencontrer les bonnes personnes relais. Mais à chaque fois que l’on s’engage sur des projets pédagogiques inventifs le résultat est très positif. »
La saison de l’Orchestre National d’Île de France bat encore son plein. Une fois le Festival « Île de découvertes » terminé, le Requiem de Verdi sera donné à six reprises (entre le 29 avril et le 6 mai) en collaboration avec le superbe chœur Nicolas de Grigny (dir. Jean-Marie Puissant), sous la baguette de Yoel Levi. Puis la phalange francilienne fêtera Mozart avec Philippe Entremont, chef et soliste de quatre concerts (12, 14, 19 et 20 mai). Mozart sera aussi, entre autres, au programme des cinq concerts avec le violoniste Gille Apap (12, 13, 14, 16, 18) avant que la saison ne se referme sur deux concerts Ravel-Falla-Strauss dirigés par Juraj Valcuha (1er et 2 juin) avec pour solistes Jean-François Heisser et Gautier Capuçon. Et n’oubliez pas la soirée de musique de chambre « Impressions d’Espagne » donnée par les instrumentistes de l’ODIF le 29 mai à Paris !
Alain Cochard
Festival Ile de découvertes. Du 21 au 23 avril. Aulnay-sous-Bois. Espace Jacques Prévert/Ecole Nationale de Musique. Entrée gratuite dans la limite des places disponibles. Réservation recommandée au : 01 43 68 76 00.
Photo : DR.
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