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Emmanuel Pahud – Retour à L’Empéri
Membre du trio fondateur du Festival de l’Empéri avec Paul Meyer et Eric Lesage, le flûtiste Emmanuel Pahud (photo ci-contre) retrouve comme tous les ans Salon-de-Provence, et se confie à concertclassic.
La place du Festival de l’Empéri dans l’existence d’Emmanuel Pahud ? « C’est une semaine qu’on doit prendre dans son calendrier, avoue-t-il avec enthousiasme. Il nous est tous arrivé de refuser des choses pour venir à Salon, simplement pour le plaisir de se retrouver dans le laboratoire musical qui se tient là chaque année. C’est une responsabilité aussi car à chaque fois qu’un nouveau musicien arrive à Salon sur mon invitation, je me sens responsable de lui. » Une camaraderie, un vrai esprit de famille caractérisent une festival parvenu à sa 14ème édition.
Il ne suffit cependant pas de faire venir de nouveaux musiciens. « Après, précise E. Pahud, il faut être attentif aux associations pour trouver ce qui fonctionne le mieux. Nous avons réussi à réunir une belle palette de musiciens. On tourne principalement autour de l’axe France-Allemagne, mais avec aussi un certains nombre d’Israéliens et d’asiatiques. »
« La ligne de force du Festival 2006 est fournie par le 150ème anniversaire de la disparition de Schumann, un musicien que l’on célèbre plus à Salon que Mozart – mais celui-ci n’est pas pour autant exclu », souligne le flûtiste. Schumann et ses contemporains, car des auteurs tels que Reinecke, Hummel ou Spohr, ou des successeurs immédiats (Brahms, Reger) sont programmés « en contrepoint des ouvrages de Schumann ».
Le romantisme allemand est donc à l’honneur. Le romantisme d’aujourd’hui aussi. L’Empéri accueille comme compositeur en résidence de l’édition 2006 Wolfgang Rihm. « Le point de départ de cette résidence, précise E. Pahud, a été ma participation à la création il y a deux ans à la Philharmonie de Cologne de son Trio pour flûte, violon et violoncelle « Über die Linie VI », un pièce qui est devenue un standard de la musique de chambre pour flûte en très peu de temps. Rihm est un compositeur qui écrit de façon très romantique avec une organisation cyclique à l’intérieur de chaque morceau. Il sera un excellent contrepoint à la musique du XIXe siècle. Car l’on écrit toujours de la musique romantique aujourd’hui… »
Après une première tentative l’an dernier, le cinéma muet trouve à nouveau sa place à l’Empéri. Les programmes des 5 et 6 août se terminent respectivement par Lucky Star ( L'Isolé) de Franck Borzage et La Chute de la Maison Usher de Jean Epstein, deux films de la fin des années 1920 sur lesquels Jean-François Zygel improvisera.
La place offerte au cinéma est un signe parmi d’autre de la maturité du festival, de l’envie qu’ont ses animateurs de le développer et « d’en faire un plaisir de leur âge », selon E. Pahud. Un plaisir plus intellectuel que ce pouvait être le cas au commencement de la manifestation. Donné avec la participation de Lambert Wilson, le concert du jeudi 3 août par exemple porte le titre « Correspondances » et mêle musique et lectures.
Quant à concert de clôture, il s’intitule « La Nuit transfigurée », par référence à l’ouvrage de Schoenberg que l’on y trouve à côté d’opus de Reger, Brahms, Rihm ou Schumann, mais aussi, remarque E. Pahud, parce qu’il est une forme de « prélude à la transformation que devrait subir le festival l’an prochain, autour d’un axe qui relie l’Europe à l’Asie… »
Le 14ème Festival de l’Empéri terminé, Emmanuel Pahud renouera avec son activité au sein de la Philharmonie de Berlin. On se souvient que le flûtiste avait quitté ce poste en 2000 pour se dédier à l’activité de soliste et à la pédagogie. « Je me suis rendu compte que pour mon équilibre personnel, familial et musical, l’alternance des concerts avec la Philharmonie et de ceux en soliste offrait un merveilleux équilibre, confesse-t-il. Mon poste était demeuré vacant à l’orchestre, que j’ai réintégré en avril 2002. »
La vie est parfois bien faite et, à ce propos, la Philharmonie de Berlin fournit également à Emmanuel Pahud des occasions de se produire en soliste. Il a ainsi donné il y a quelques moins le Concerto pour flûte de Nielsen sous la baguette de Rattle. Les micros ont immortalisé son interprétation et on pourra la découvrir courant 2007 au sein d’un programme comportant aussi le Concerto pour clarinette du compositeur danois par Sabine Meyer.
Mais avant, le disque aura permis d’entendre Pahud aux côtés de Yefim Bronfman dans les Sonates op 120 de Brahms, tout comme avec l’Orchestre de Chambre d’Australie, partenaire régulier du flûtiste depuis cinq ans, dans les concertos pour flûte d’Antonio Vivaldi. « Je pense avoir réussi à faire dans ces ouvrages quelque chose de comparable à ce qu’avait fait Fabio Biondi dans les Quatre Saisons à la fin des années 1980… », dit un soliste à l’évidence très fier d’un CD qui sortira normalement en France fin 2006.
Alain Cochard
14ème Festival de l’Empéri
Du 31 juillet au 9 août.
Réservez vos places dès maintenant.
Photo : DR
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