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Paris - Compte-rendu : Patrizia Ciofi et Joseph Calleja en récital
Applaudi à Avignon en 2003 dans une poétique Sonnambula de Bellini, le couple formé par Patrizia Ciofi (photo) et Joseph Calleja faisait ses débuts parisiens au Théâtre des Champs-Elysées lundi soir, dans le cadre des « Grandes Voix ». Si on ne présente plus la soprano italienne, renommée autant pour ses incarnations belcantistes et baroques que pour sa forte personnalité, le jeune ténor maltais n’est encore qu’à l’orée d’une grande carrière.
A 28 ans, ce colosse aux allures poupines, est précédé d’une solide réputation. Lauréat de plusieurs concours, ses premières expériences scéniques ont lieu à Malte, où il est Macduff (Macbeth), puis Leicester (Maria Stuarda). Invité par les Festivals de Pesaro, Wexford et Bregenz, il est remarqué par Decca qui lui fait signer un contrat d’exclusivité en 2003. Il chante La Bohème à Londres, Rigoletto à Copenhague et tout récemment au Met. Alors que son second récital « The golden voice » vient de paraître, ce concert parisien, accueilli avec enthousiasme, s’imposait donc. D’essence lyrique, la voix de Calleja, saine et joliment timbrée, a gagné en étoffe et en extension, ce qui lui permet de passer sans effort de la suavité de Nemorino (« Una furtiva lagrima »), à la tension dramatique de Werther (« Pourquoi me réveiller »).
La franchise de l’émission, la netteté des attaques, la variété des nuances forte/piano/crescendo/decrescendo superbement mises en valeur dans « Ah lève-toi soleil » de Roméo et Juliette et cet aigu glorieux, font plaisir à entendre. Cependant cette élocution claire et ce jaillissement vocal apparemment naturels, ne doivent pas faire oublier un français encore perfectible et des portraits certes attachants, mais brossés à la hâte.
Avec son timbre mélancolique, sa perfection stylistique et la justesse de ses interprétations, Patrizia Ciofi a livré une magnifique prestation. Espiègle et virtuose dans Norina (Don Pasquale), Juliette (Gounod) ou Musetta (Bohème) donnée en bis, elle est sans égale dans Lucia di Lammermoor dont elle possède la couleur crépusculaire et le profil suicidaire (air d’entrée) et d’une enivrante émotion dans « Il convient de partir » de La Fille du régiment (et quel français !). Leurs duos (Lucia, Bohème, Traviata) amoureusement accompagnés par Alain Altinoglu à la tête du National d’Ile-de-France, ont enchanté l’assistance, heureuse de renouer avec une tradition autrefois très en vogue, que l’on croyait perdue. Prochain rendez-vous à deux, le 5 février avec Daniela Barcellona et Juan-Diego Florez.
François Lesueur
Théâtre des Champs-Elysées, 22 janvier 2007
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