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Metz - Compte-rendu : l' amour masqué mis en scène par Pisani, un champagne millésimé
Dans un superbe décor unique permettant de passer sans temps mort de la chambre au salon de jardin, la mise en scène que signe Robert Pisani pour L’Amour masqué constitue un modèle de bon goût et de finesse. Composée sur un livret de Sacha Guitry, la partition d’André Messager fut créée le 15 février 1923 au Théâtre Edouard VII, avec Guitry et Yvonne Printemps. Autant dire que la tâche est rude pour ceux qui leur succèdent dans les deux rôles principaux («Lui » et « Elle »).
Pari gagné pour Jean Dalric ! Le Sociétaire de la Comédie Française possède l’élégance du geste et du verbe avec ce je-ne-sais-quoi qui ressuscite le côté traînant et jouisseur dont Guitry savait parer sa voix. Le deuxième acte, où "Lui" doit se faire passer pour son soi-disant fils, constitue un moment d’anthologie. Qui résisterait à ce charmeur impénitent ? Pas "Elle" assurément !
Cette dernière, interprétée par Caroline Mutel, possède le côté glamour et piquant que réclame son personnage. On aurait toutefois souhaité un peu plus d’impertinence dans le célèbre "j’ai deux amants" - n’est pas diseuse qui veut…
Franck Cassard (l’interprète) tient le haut de pavé dans le reste de la distribution masculine. Avec une voix bien timbrée, cet excellent comédien déploie un comique naturel et ne sur-joue pas dans un personnage où il est facile de dépasser la mesure. Excellent Baron d’Angot de Robert Pisani, Maharadjah parfait de Jacques Gay, qui, dans le seul air qui lui est dévolu, récolte un triomphe.
Les deux servantes, Sophie Hervé et Lydia Mayo, viennent compléter avec une belle musicalité une distribution qui redonne ses lettres de noblesse à ce petit bijou. Il est vrai que lorsque l’élégance et le charme de Messager se mêlent au chic parisien de Guitry, on ne résiste pas au "savoureux champagne" que deux génies de l’art du bien dire nous ont concocté.
Sous la direction experte de Christophe Talmont, l’Orchestre National de Lorraine, léger et plein de finesse, déploie de belles couleurs feutrées.
Bernard Niedda
L’Amour masqué de Messager, Metz Opéra-Théâtre le 11 février 2007.
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