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Saint-Quentin-en-Yvelines - Compte-rendu : Un Telemann passionné et subtil
La musique rime avec éclectisme dans le cœur de David Stern (photo). A son aise dans les compositions de Roussel (1) aussi bien que dans une symphonie romantique, le chef manifeste également un penchant prononcé pour le répertoire baroque, domaine qu’il explore depuis 2003 dans le cadre d’Opera con fuoco, un ensemble sur instruments anciens dont il partage la direction artistique avec le gambiste Jay Bernfeld.
Parvenir à une approche renouvelée de la théâtralité du répertoire : le dessein affiché par les deux artistes prend tout son sens lorsque l’on assiste à l’exécution d’un ouvrage tel que l’oratorio Le Jugement Dernier de Georg Philipp Telemann (1681-1767). Souvent considéré avec condescendance, le prolifique fondateur du Getreue Music-Meister a certes été parfois victime de l’extraordinaire facilité de sa plume. Mais son œuvre immense comporte aussi des partitions étonnantes, dont la redécouverte se justifie pleinement. Reste à trouver des interprètes capables d’en saisir l’originalité.
Tel est bien le cas de Stern et de ses chanteurs et musiciens dans Le Jugement Dernier, une réalisation tardive, née dans une période de transition de l’histoire de la musique (1762) et d’un caractère original du fait des influences françaises qui s’y exercent – c’est par exemple sur un rythme de passepied que se referme la dernière des quatre Contemplations qui partagent l’ouvrage.
Toute la réussite du chef tient justement à qu’il saisit et restitue cette esthétique singulière, cet entre-deux-époques (Bach s’éloigne, mais le classicisme n’est pas encore là), sachant à la fois exalter la puissance des parties chorales et cultiver le raffinement poétique d’épisodes tel que le merveilleux duo du ténor et de la viole dans la 4ème Contemplation.
La qualité des solistes contribue grandement aussi au succès de la soirée. La soprano Chantal Santon doit certes encore gagner en autorité et soigner sa diction, Paul Agnew paraît un peu effacé - mais l’œuvre ne le valorise pas franchement il est vrai. On goûte en revanche la présence dramatique de Raimund Nolte, de Ann Hallenberg et du jeune baryton autrichien Markus Werba. Particulièrement remarqué, celui-ci convainc tant par la richesse de la voix que l’engagement et la justesse de ton avec lesquels il incarne Jésus.
Alain Cochard
(1) On doit a David Stern un beau CD Roussel avec l’Ensemble Orchestral de Paris, Alexandre Tharaud et Jean-Quihen Queyras ( Naïve – V 4846)
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines – 27 mars 2007
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Photo : DR.
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