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Paris - Compte-rendu : Da Gelo a gelo - Coup de lune
D’un hiver à un autre - Da gelo a gelo - les amours minimalistes et contournées d’Izumi la grande poétesse japonaise du XIe siècle et du Prince Atsumichi. Récit pris dans le journal d’Izumi, sa seule œuvre en prose – dont Sciarrino a tiré un livret épistolaire et comme à son habitude souvent bégayant. Liaisons peu dangereuses. Japoniaiseries ? Presque. En douce Sciarrino nous fait son coup écolo, soulignant que la prose d’Izumi s’attarde souvent sur les conditions météorologiques et les événements climatiques – pour l’heure la crue du fleuve local – ce qui suffirait à donner à son texte une modernité certaine. Rien n’est moins sûr. Sans discrétion mais avec constance le public fuyait Garnier mesure à mesure : le temps s’allonge vertigineusement lorsque l’ennui s’installe. Et Sciarrino sait l’installer. Rien jamais chez lui ne varie non seulement d’œuvre à œuvre mais à l’intérieur de chacune d’entre elles.
Quatre formules d’orchestre – avec une micro citation en quart de tons inénarrable, parfois le chat marche sur sa queue – le fameux style de chant tremblé – agrémenté d’un seul ornement belcantiste et avec un essai pas vraiment convaincant de grand arioso pour Izumi qui vient le bégayer à l’avant-scène – et en avant pour une heure cinquante de vide, fascination japonaise s’il en est. Pourtant cela peut fonctionner : la tension inexorable de Luci mie traditrici l’a prouvé. Mais ici l’alchimie n’opère jamais, et ce faux théâtre de faux opéra laisse voir toutes ses ficelles. Beau spectacle par ailleurs, habité par l’esprit de Trisha Brown, chorégraphié avec une pointe trop aiguë de narcissisme, subtilement habillé de lumières, mais appuyé sur rien et ne dégageant rien malgré l’habileté de chanteurs rompus à la langue du compositeur et une direction très millimétrée. On a déjà oublié.
Jean-Charles Hoffelé
Salvatore Sciarinno : Da gelo a gelo, Palais Garnier, le 8 juin 2007
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Programme détaillé de l’Opéra Garnier
Photo : Monika Rittershaus/Opéra de Paris
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