Concert assez exceptionnel que celui de Fanny Clamagirand et Vanya Cohen, et ce pour deux raisons majeures. D’abord, les deux jeunes artistes présentes sur la scène ont fait montre d’une maîtrise instrumentale véritablement étonnante pour leur âge - à elles deux, elles n’ont pas atteint la cinquantaine - ensuite, le programme proposé prouvait une hardiesse peu commune. Il faut dire qu’Anne-Marie Réby, la directrice artistique de ce festival, n’a pas son pareil pour dénicher les talents les plus prometteurs.

Il faut avoir bien de l’audace pour débuter un récital par la Sonate n°1 de Camille Saint-Saëns, œuvre pleine de chausse-trapes pour des doigts pas encore bien déliés, que Fanny Clamagirand et Vanya Cohen ont su dépouiller de tout le fatras d’effets pseudo-romantiques dont on l’encombre trop souvent. L’entente entre une violoniste au tempérament énergique et une pianiste au jeu rigoureux, mais jamais sévère, était remarquable. Puis, ce fut la plus ardue peut-être des six Sonates pour violon seule d’Eugène Ysaÿe ; la 2ème en la mineur dédiée à Jacques Thibaud. Fanny Clamagirand y retrouva dans certains passages, notamment la très belle et émouvante Danse des ombres, le charme enchanteur qui fit la renommée du dédicataire.

Le Subito de Wiltold Lustoslawski et le Caprice en forme de valse de Camille Saint-Saëns, arrangé par Eugène Ysaÿe, furent tous deux enlevés avec un époustouflant brio. Deux bis réclamés, presque exigés, par un public enthousiaste - Pièce en forme de habanera de Maurice Ravel et Le cygne de Saint-Saëns - concluaient ce très beau récital dans la quiétude.

Lorsque Fanny Clamagirand, violoniste déjà affirmée et aguerrie, aura un peu mûri, lorsqu’elle aura acquis un peu plus de sérénité - tout en gardant son autorité, sa fougue et son goût pour les prises de risque - elle deviendra, sans nul doute, l’une des toutes premières violonistes françaises de sa génération.

Xavier Rey

Les Solistes aux Serres d’Auteuil, Paris le 31 août 2007.

A noter, la sortie du CD de l'intégrale des sonates pour violon op.27 de Ysaÿe par Fanny Clamagirand chez Nascor NS03. Distribution Harmonia Mundi.

Photo : DR

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