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Paris - Compte-rendu : La belle Etoile à l'Opéra Comique
La réouverture de l’Opéra Comique et le début du règne de son nouveau directeur, Jérôme Deschamps, faisaient de la première de L’Etoile de Chabrier l’un des spectacles les plus courus de cette fin d’année à Paris. Mais c’est d’abord pour le plaisir de goûter à une partition trop rare à la scène que l’on guettait cette production. L’attente n’a pas été déçue.
La mise en scène alerte et colorée de J. Deschamps et Macha Makeïeff s’inscrit certes dans la lignée de ce à quoi ils nous ont accoutumés. Mais l’important est d’avoir su préserver l’esprit de l’ouvrage dans un cocktail qui équilibre tendresse amusée, franche bouffonnerie et une dose de féerie – l’observatoire de Siroco en forme de gigantesque chapeau semble sortir d’un conte pour enfants. Cocktail que viennent par ailleurs relever des détails vestimentaires très années 60 pour les membres du chœur.
La musique ? De ce point de vue Chabrier est luxueusement servi - bel euphémisme. Dans la fosse, Sir John Eliot Gardiner mène rondement l’affaire et distille les timbres avec un bonheur palpable, à la tête d’un Orchestre Révolutionnaire et Romantique au meilleur de sa forme. Entre parenthèses, on aurait aimé que Sir Simon Rattle dispose d’instrumentistes de ce niveau pour Le Paradis et la Péri de Schumann samedi dernier au TCE …
Sur scène, Jean-Luc Viala (Ouf 1er) et Jean-Philippe Lafont (Siroco) forment un impayable tandem, tandis que, du côté féminin, Anne-Catherine Gillet (Laoula) et Stéphanie d’Oustrac (Lazuli) composent deux personnages très attachants. D’Oustrac n’a certes pas les moyeux vocaux d’une Colette Alliot-Lugaz (1) ; les aigus de son premier air (« Ô ma petite étoile ») sont un peu tendus, mais une fois cette mise en route passée, elle fait face aux exigences de son rôle et campe un Lazuli d’une très convaincante fraîcheur. Beau baryton, Christophe Gay apporte la raideur diplomatique requise à son Hérisson , tandis que Blandine Staskiewicz (Aloès) et François Piolino (Tapioca) sont impeccables dans des emplois plus discrets. Parmi les comédiens, Patrice Thibaud mérite une mention spéciale pour les quelques beaux fous rires qu’il déclenche.
Comme un vieux routier du monde lyrique nous le rappelait l’autre jour, il était assez inconcevable autrefois de saluer un chanteur français pour la qualité de sa prononciation … française. Mais les temps ont bien changé et l’on est heureux d’écrire que pas une syllabe de cette Etoile n’était perdue pour l’auditeur. Le compliment vaut pour tous les personnages, aussi bien que pour les choristes, britanniques en l’occurrence. D’une diction parfaite, le Monteverdi Choir offrait par ailleurs une leçon d’homogénéité dont le public n’a peut-être pas toujours suffisamment pris conscience dans ce contexte bouffe.
Vous l’aurez compris, il faudrait franchir les portes du Comique avec l’humeur dangereusement affectée pour bouder son plaisir face à une aussi délectable Etoile.
Le spectacle ne dure, hélas, que jusqu’au 23 décembre ; faites-vite donc ! Mais notez que la production sera reprise avec des interprètes différents au Théâtre de Nîmes les 10 et 11 janvier prochains.
Alain Cochard
(1)Le Lazuli de Gardiner dans l’enregistrement qu’il réalisa en 1984 à l’Opéra de Lyon
L’Etoile d’Emmanuel Chabrier à l’Opéra Comique, le 13 décembre. Prochaines représentations les 14, 16, 17, 19, 20, 22 et 23 décembre 2007.
Programme détaillé de l’Opéra Comique
Photo : Concertclassic
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