Journal
Lyon - Compte-rendu : Une Vie lyonnaise
Laurent Pelly poursuit avec plus ou moins de bonheur son voyage chez Offenbach
Ah ! Laura Scozzi ! On serait de toute façon venu à cette Vie parisienne pour grignoter ses intermèdes burlesques et poétiques. Sur deux mètres de profondeur elle crée quelques minutes de pure fantaisie dont le ton et la finesse de réalisation décomplexeraient les rires les plus rétifs. Voilà, pari encore une fois réussi. Et en sortant du spectacle on ne pensait plus vraiment qu’à ces moments suspendus et délirants.
Pourtant il y eut Laurent Pelly et son ingénieux système. Pétillant au premier acte, grâce en partie aux ajouts d’Agathe Mélinand où quelques comptes sont réglés avec les trains fantômes et les gares à pickpockets de la SNCF, avec une sorte d’amertume acerbe contre l’époque moderne – celle d’Offenbach et la nôtre n’ont pas fondamentalement divergé ; la transposition est indolore sinon particulièrement éclairante – que Pelly n’avait pas soulignée dans La belle Hélène ou La Grande Duchesse. Plus plat au II, et assez peu impliqué au III sinon la Griserie du Baron de Grondemark, et sa table balançoire infernale, et presque maussade, indifférent au IV comme s’il n’avait pas voulu, après être resté tout du long un poil trop élégant, tenter la véritable amertume de ce dernier acte. Pourtant si il y a griserie au III il y véritable dégrisement, retour au plancher des vaches, au IV. C’est même l’un des rares moments où Offenbach met sa peau sur la table et ne joue plus. Le piano-bar sentimental ajouté frôlait le contresens.
Autre problème majeur : le spectacle n’était pas sur-titré, mais il aurait dû l’être. On a aujourd’hui perdu l’art du chant syllabique, écueil redoutable de l’écriture vocale selon Offenbach. Seuls quelques « vétérans » aguerris passaient l’épreuve : Naouri, Fouchécourt, Mortagne se faisaient entendre et comprendre clair et net, articulant de façon assez athlétique. Même Marie Devellereau, qui connaît ce répertoire, peinait avec les mots. Mais sa Gabrielle de haute volée montrait bien d’autres avantages, à commencer par des suraigus assez enivrant. On aura trouvé Jean-Sébastien Bou – un Pelléas, un vrai, un des plus beau de sa génération – un peu égaré en Gardefeu, parfait de théâtre lorsqu’il parle, absent dès qu’il chante. Absente aussi la Métella de Maria Riccarda Wesseling.
Sebastien Rouland se battait comme il pouvait avec la profondeur de la fosse qui buvait l’orchestre horloger d’Offenbach goulûment. Il aurait fallu remonter tout cela pour en extraire les couleurs de fiesta, les pétards sonores dont le compositeur a voulu enivrer son époque qui dansait allégrement au bord du volcan. Ici, devant ce spectacle sans danger, on regrettait le temps où La Vie parisienne était la propriété des comédiens, où Simone Valère, Jean Desailly, Madeleine Renaud entouraient la Métella sensuelle de Suzy Delair. Altri tempi….
Jean-Charles Hoffelé
Jaqcues Offenbach, La Vie parisienne, Opéra de Lyon, le 29 décembre 2007
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